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ArcelorMittal : François Hollande va devoir calmer le jeu

Le site ArcelorMittal de Florange

Le site ArcelorMittal de Florange - -

François Hollande reçoit ce mardi à 18 heures Lakshmi Mittal, le principal actionnaire d’ArcelorMittal, suite aux propos d’Arnaud Montebourg qui avait affirmé « ne plus vouloir de Mittal en France ». « Il n’y a pas d’autre issue que la négociation », tempère un ancien responsable de l’entreprise ».

C’est François Hollande qui devra éteindre l’incendie déclenché par Montebourg. Le chef de l’Etat reçoit ce mardi en fin d'après-midi à 18 heures Lakshmi Mittal, le principal actionnaire d’ArcelorMittal, pour parler de l'avenir des hauts fourneaux de Florange. A quatre jours de la fin du délai pour trouver un repreneur au site de Florange, le président de la République pourrait faire office d'arbitre sur ce dossier brûlant. D'un côté, le numéro un de la sidérurgie est décidé à fermer la filière liquide de son site mosellan, qui emploie 650 personnes, et à conserver le reste du site. De l'autre, le gouvernement a reçu deux offres de reprise mais uniquement pour l'ensemble du site et fait pression sur Mittal pour qu'il vende tout.

« Nous ne voulons plus de Mittal en France »

Arnaud Montebourg a d’ailleurs encore haussé le ton : « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France », a-t-il lâché dans un entretien aux Echos. Le ministre a ensuite cherché à tempérer ses propos : « "Quand j'ai déclaré 'nous ne voulons plus de Mittal en France', j'ai voulu dire que nous ne voulons plus des méthodes de Mittal en France ». Le ministre a également remis sur la table la menace d'une nationalisation temporaire, ce à quoi le groupe a répondu par le chantage : le forcer à vendre tout le site de Florange « mettrait en péril la viabilité du reste des activités d'ArcelorMittal en France ».
Ce n'est pourtant pas la première fois qu'un gouvernement envisage cette hypothèse. Henri Gaino affirme ainsi que l'idée avait déjà été émise sous Nicolas Sarkozy, et il apporte son soutien au ministre du Redressement productif. S'il estime qu'Arnaud Montebourg a « tort d'utiliser la polémique », il juge aussi que « sur le fond, il a raison ».

« Pas d’autre issue qu’une négociation »

Pour l’ancien dirigeant d’ArcelorMittal Jean Louis Pierquin, « les paroles de monsieur Montebourg ne peuvent être prises par personne au pied de la lettre. Le groupe est important en France, plus de 20 000 employés, Florange ne suffit pas en soi pour bouter Mittal en dehors de la France. Il n’y a pas d’autre issue qu’une négociation entre le pouvoir politique, les organisations syndicales et son actionnaire principal, monsieur Mittal », estime l'ancien patron de l'entreprise.

« Envisager de chasser Mittal »

En revanche, Phillippe Verbeke, délégué CGT Arcelor Mittal pour l'Atlantique et la Lorraine, croit aux menaces du ministre du Redressement productif et espère que le président de la République ne reviendra pas dessus. « Je ne crois pas qu’il y ait à recadrer Arnaud Montebourg, affirme le syndicaliste. Nous, on affirme que la stratégie Mittal est en train de nous déstructurer de l’intérieur. A partir de là, le constat est de se dire que si on continue avec Mittal, on va droit dans le mur et demain on ne sait plus produire d’acier de qualité dans nos sites. S’ils n’acceptent pas une ingérence de l’Etat dans leur stratégie, je pense qu’il faut envisager de chasser Mittal de la sidérurgie française ».

M. Chaillot avec Martin Bodrèro