Après plus d'un an Place Beauvau, que pèse le bilan de Collomb?

Gérard Collomb. - AFP
"Je ne serai pas ministre de l'Intérieur jusqu'à l'avant-dernier jour. Je pense que les ministres qui veulent être candidats aux municipales de 2020 devraient pouvoir quitter le gouvernement après la bataille des européennes", a expliqué Gérard Collomb. Le ministre de l'Intérieur a tenu ces propos à L'Express dans un entretien, à paraître mercredi mais dont des extraits ont fait surface ce mardi matin, lors duquel il a assuré qu'il serait bien candidat à la reconquête de la mairie de Lyon aux Municipales de 2020 sauf si une "maladie grave" venait à lui être diagnostiquée. En tout état de cause, il pourrait donc renoncer à son portefeuille à compter du 26 mai 2019, date du scrutin européen. En un peu plus d'un an de résidence Place Beauvau, Gérard Collomb s'est déjà façonné un bilan aussi dense que controversé.
Sortir de l'état d'urgence comme impératif
C'est d'abord la fin programmée de l'état d'urgence qui a concentré ses premiers efforts de ministre. Ses travaux initiaux ont ainsi accouché d'un "projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme", selon son intitulé officiel. Promulguée le 30 octobre 2017, la loi a été vivement critiquée par l'opposition, et plus particulièrement à gauche, qui lui reprochait de transcrire purement et simplement dans le droit des mesures d'exception permises à l'origine par le seul état d'urgence.
Parmi les dispositions du texte, on relève les suivantes: le préfet peut désormais instaurer des périmètres de protection sur le modèle des "zones de protection ou de sécurité" de l’état d’urgence; des fermetures administratives, ne pouvant cependant excéder les six mois, peuvent être prononcées contre des lieux de culte appelant à des actes terroristes ou en faisant l'apologie; enfin, le ministre de l'Intérieur peut décider de mesures de surveillance à l'égard d'un individu sur lequel pèsent des soupçons de danger pour l'ordre public.
Loi Asile et immigration: l'heure de la polémique
Mais la loi Asile et immigration, à laquelle se sont attelés ensuite Gérard Collomb et ses équipes, a soulevé une polémique encore plus profonde. Sa volonté de réduire le traitement des demandes d'asile et de facilitation des expulsions pour les déboutés de ces dernières s'est aliénée la gauche, qui y a vu un texte trop dur, voire "répressif", mais aussi la droite, qui a jugé l'ensemble "laxiste".
Le projet a d'ailleurs divisé la majorité, troublant un certain nombre de parlementaires "La République en marche". Qu'importe, la loi a été définitivement adoptée par l'Assemblée nationale le 1er août dernier en pleine affaire Benalla.
Le dossier Benalla
Car le passage de Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur n'est pas qu'affaire législative. Les turbulences politiques ont agité son ministère en tous sens. Et l'affaire Benalla n'a pas été une mince épreuve pour ce fidèle des fidèles d'Emmanuel Macron. Il n'a pas vraiment fait forte impression sur les députés qui l'ont interrogé à la fin du mois de juillet dans le cadre de la commission d'enquête, et la version qu'il a alors présentée a été prise en défaut plusieurs fois par la suite. Le 24 juillet, sa sortie devant la commission d'enquête mise sur pied par les sénateurs a beaucoup fait parler également:
"Est-ce qu’il va sortir autre chose ? Compte-tenu du déroulement des événements, j'en apprends chaque jours sur les personnalités. Je lis les journaux comme vous. Il y a tout une partie de l'histoire de Monsieur Benalla que je découvre de plus en plus", a-t-il déclaré.