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Politique

Anne Hidalgo: l'imbroglio des accusations d'emploi fictif

Anne Hidalgo

Anne Hidalgo - PATRICK KOVARIK / AFP

Malgré le démenti de l'un des témoins de son enquête, le magazine Capital maintient ses accusations d'emploi fictif à l'encontre de la maire de Paris.

Le bras de fer continue: fin octobre, Capital accusait Anne Hidalgo d'avoir bénéficié d'un emploi fictif entre novembre 2000 et janvier 2003. Une information aussitôt démentie par la maire de Paris, qui demande désormais le retrait de l'article, après que Thierry Dahan a contesté l'authenticité de son témoignage dans Capital. Le magazine maintient pourtant sa version. 

Dans son premier article, le mensuel avançait "qu'après avoir été élue première adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris en mars 2001, Anne Hidalgo a[vait] continué de se faire payer pendant des mois par son administration d’origine, le ministère du Travail". Capital estime à 80.000 euros les salaires indûment perçus par l'édile.

La maire de Paris conteste

Le lendemain de la parution de cet article, Anne Hidalgo contestait ces accusations, annonçant sa volonté de déposer plainte pour diffamation. 

"De 1997 à 2002, [Anne Hidalgo] a exercé des responsabilités au cabinet du ministre du Travail, puis au cabinet du ministre de la Justice. Élue en mars 2001 et enceinte de son troisième enfant, elle a alors exercé son droit au congé maternité. À l'issue de ce congé maternité, elle a demandé au ministère du Travail d'être placée en position de détachement avec cessation du paiement de sa rémunération, en raison de sa fonction de première adjointe", avait alors expliqué la mairie dans un communiqué de presse.

Un témoignage falsifié ?

Ce lundi, Capital est revenu à la charge, publiant un "témoignage" du vice-président de l’Autorité de la concurrence, Thierry Dahan, arrivé au cabinet de la garde des Sceaux Marylise Lebranchu en même temps qu'Anne Hidalgo. Son récit est censé accabler l'élue de la capitale.

"Très vite, au début 2001, on a laissé carte blanche à Anne Hidalgo pour mener sa campagne municipale à Paris. Du coup on ne la voyait pas beaucoup au ministère", peut-on lire dans cet article.

Seulement, l'intéressé estime que les propos que lui attribue Capital sont largement déformés. Dans un mail révélé par Challenges, Thierry Dahan est sans détour:

"Je constate que vous avez déformé mes propos au point de leur faire dire le contraire de ce que je vous avais indiqué", s'étrangle-t-il. Vous commencez par une phrase choc 'Je l'ai à peine croisée', laissant entendre que cette phrase vise la présence de Mme Hidalgo à son travail, alors que vous savez parfaitement, puisque je vous l'ai répété au moins dix fois, que cette phrase qui vous plaisait tant (je comprends aujourd'hui pourquoi) voulait simplement dire que nous nous étions croisés finalement très peu de temps (...)."

Capital maintient sa version

Le rédacteur en chef adjoint de Capital, Gilles Tanguy, maintient pourtant la version du magazine. Contacté par Challenges, il affirme:

"Dans un email envoyé à la rédaction ce lundi soir, Thierry Dahan conteste avoir tenu les propos cités dans notre article sur Anne Hidalgo. Nous confirmons ces derniers. Ils ont été recueillis au cours d'un entretien téléphonique dont nous possédons l'enregistrement."

Par l'intermédiaire du conseiller presse d'Anne Hidalgo, Matthieu Lamarre, la mairie de Paris a demandé le retrait de cet article. "L'article en ligne sur votre site internet comporte des informations erronées, qui nuisent à l'image de la Maire de Paris et qui peuvent relever sur un plan légal du délit de diffusion de fausse nouvelle", écrit le conseiller au magazine Capital. "Je vous remercie de modifier votre article en conséquence, et ceci dans les plus brefs délais."

Le magazine n'a pour l'heure pas accédé à cette demande.

Louis Nadau