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"Accord secret", "magouille": gauche et LR s'insurgent après la nomination de Ferrand au Conseil constitutionnel

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Après l'abstention du Rassemblement national, la nomination du macroniste Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel a été validée par le Parlement. Et fait polémique.

Après la validation, la polémique. Ce mercredi 19 février, la nomination de Richard Ferrand, candidat d'Emmanuel Macron, à la présidence du Conseil constitutionnel, a été validée de justesse par le Sénat et l'Assemblée nationale.

À l'issue d'un vote dans les commissions des Lois des deux chambres, 39 parlementaires ont voté pour sa nomination et 58 contre, alors que 59 voix auraient été nécessaires pour bloquer la nomination. Le Rassemblement national a décidé de ne pas lui faire obstacle en s'abstenant à l'Assemblée nationale. Ce qui suscite, depuis, l'indignation chez les élus de droite comme de gauche.

La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a accusé Richard Ferrand d'être "parrainé" par Marine Le Pen et s'est interrogée sur un éventuel "accord secret" entre eux, après la désignation du proche d'Emmanuel Macron comme président du Conseil constitutionnel lors d'un vote au cours duquel le RN s'est abstenu.

"Parrainé par Marine Le Pen et le Rassemblement national, nommé pour sauver Macron. Quel est leur accord secret?", a réagi Mathilde Panot sur X, en allusion aux démêlés avec la justice de la présidente des députés RN, avec une menace d'inéligibilité sur laquelle le Conseil constitutionnel pourrait être amené à statuer indirectement.

"Ça sent la magouille"

"Le bon sens, la responsabilité, le sens de l'État devraient amener Emmanuel Macron et Richard Ferrand à considérer qu'il ne faut pas procéder à cette nomination", a fait valoir sur BFMTV la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.

"Ce qui a été démontré par le président de la République ces derniers mois me fait craindre qu'il ne recule pas face au bon sens démocratique et ça, c'est dangereux, parce que ça va affaiblir la légitimité du Conseil constitutionnel", ajoute-t-elle. Sa collègue socialiste Marie-Pierre de la Gontrie suggère un "nouveau candidat" ou "un autre président à désigner au sein du conseil actuel", évoquant par exemple l'ex-Premier ministre Alain Juppé.

À droite, l'indignation règne également. "Les députés RN se font aujourd'hui complices de la nomination à la présidence du Conseil constitutionnel d'un compagnon de route d'Emmanuel Macron, ayant milité pendant près de 40 ans au sein de l'aile gauche du PS", a déploré sur X Laurent Wauquiez, le patron des députés LR qui a appelé à voter contre la candidature de Richard Ferrand.

"Ça sent la magouille", s'est insurgé le député LR Julien Dive, qui a battu de justesse un rival du RN lors des législatives anticipées dans sa circonscription de l'Aisne, évoquant même une "collusion".

"Deal caché"

Autre réaction à la validation de la nomination de Richard Ferrand par le Parlement, celle d'Olivier Marleix, le président des Républicains à l'Assemblée nationale, qui n'a pas ménagé le candidat macroniste lors de son audition.

Richard Ferrand "peut dire merci à Marine Le Pen", a taclé le député d'Eure-et-Loir.

"Ce sont les quinze abstentions du Rassemblement national qui permettent à ce candidat proche du président de la République d'accéder pour neuf ans à la présidence du Conseil constitutionnel", a commenté l'élu.

Et d'ajouter: "C'est évidemment totalement incompréhensible, madame Le Pen se présente matin, midi et soir comme la meilleure opposante d'Emmanuel Macron et aujourd'hui elle valide gratuitement la nomination (...) d'un des plus proches du président de la République. C'est une trahison pour ses électeurs (...) tout ça n'a aucun sens, si ce n'est à y voir un deal caché avec le président de la République."

"Le choix du moins pire"

Face à cette levée de boucliers, le Rassemblement national veut justifier son abstention. Sur les réseaux sociaux, plusieurs députés affirment avoir "fait le choix du moins pire", évoquant d'autres candidats comme Christiane Taubira, Élisabeth Borne ou Éric Dupont-Moretti.

"Nous nous abstenons, dans le choix du moins pire", résume, entre autres, Bryan Masson, député des Alpes-Maritimes et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale.

"Nous ne soutenons clairement pas Richard Ferrand, mais nous nous opposons moins à sa nomination qu’aux autres", renchérit Kévin Mauvieux, député RN de l'Eure.

Lucie Valais avec AFP