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Politique

2017: Taubira attend la fin de "la confusion à gauche" pour "clarifier" sa position

Christiane Taubira, le 29 janvier 2016.

Christiane Taubira, le 29 janvier 2016. - Jewel Samad - AFP

L'ancienne ministre de la Justice était l'invitée lundi de la première édition du Quotidien de Yann Barthès, après un long silence médiatique.

Elle était la première invitée du premier Quotidien de Yann Barthès, la nouvelle émission que l'ancien animateur star de Canal+ anime sur TMC. Interrogée ce lundi sur ses intentions pour 2017, candidature ou ralliement, l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira assure: "Ce sera clarifié lorsque les choses vont se clarifier. Je ne suis pas l'auteur de la confusion actuelle. Ma position est liée justement à cette confusion-là. Je vois bien qu'à gauche (...) il y a un peu de monde. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui que je résiste à la drague", prévient-elle.

"A 30 ans, je ne considérais pas que la politique devait lancer les gens et à mon âge, me lancer?". Une façon de vouloir faire taire les rumeurs qui la voient se porter candidate si François Hollande ne se présente pas pour 2017. Et une pique, au passage pour Emmanuel Macron, convaincu qu'il n'y a ni gauche, ni droite: "Il se trompe... mais il a le temps de le découvrir", s'amuse Christiane Taubira.

"On ne fait pas des règles sur ce qui dérange"

A propos des arrêtés anti-burkini pris dans plusieurs communes du littoral cet été, Christiane Taubira estime qu'il revient à la loi de dire ce que la République tolère ou pas. Alors qu'on lui présentait la photo d'une femme forcée par des policiers municipaux à retirer sa tunique sur une plage de Nice, qui avait suscité l'indignation au mois d'août, l'ancienne garde des Sceaux a dévoilé sa position: 

"Il y a des choses dans l'espace public qui nous dérangent. Mais on ne fait pas des règles sur ce qui dérange", a-t-elle dit.

"Simplement, la question c'est: est-ce que ce sont nos passions, notre subjectivité qui doivent compter et générer un acte, ou est-ce que ce sont nos lois qui, dans l’espace public, doivent dire: la République tolère ça ou ne tolère pas?", a interrogé Christiane Taubira, soulignant que "l’espace public, c’est l’espace de la République".

"C'est sur le fondement de nos lois que les choses s'acceptent ou ne s'acceptent pas. Qu'elles nous agacent, qu'elles nous exaspèrent, c'est une chose. Que cette exaspération soit la source d'une règle, ce n'est pas possible sinon la vie commune, la vie sociale, n'est juste pas possible", a-t-elle fait valoir. 

"Des paroles qui excluent de la communauté nationale"

Alors que nombreuses ont été les personnalités qui, à droite, ont réclamé l'interdiction de ce maillot de bain islamique (contraction de burqua et bikini) et que le Premier ministre Manuel Valls a lui aussi dénoncé le port du burkini, Christiane Taubira a par ailleurs regretté que ce débat ait entraîné "des paroles qui blessent, des paroles de mépris qui excluent de la communauté nationale".

"Il y a des paroles depuis de nombreuses années qui portent un propos indifférencié sur des Français de religion ou de culture musulmane. Il y a des personnes qui en font un fonds de commerce. C'est une réalité", a dit Christiane Taubira.

"Il y a des paroles qui blessent", a-t-elle poursuivi. "Par conséquent, lorsque certains s'autorisent à poser une parole de mépris sur une catégorie de citoyens, il ne faut qu'ils s'imaginent que ces catégories de citoyens n'entendent pas. Moi ce que je dis à ceux qui sont blessés, à ceux qui entendent des paroles qui les excluent de la communauté nationale, je leur dis que ces paroles ne sont pas légitimes".

V.R.