0,3% pour Jean-François Copé, une claque inédite

Jean-François Copé au salon "Planète PME" le 17 octobre 2016 - ALAIN JOCARD / AFP
Jean-François Copé se voulait l’homme "de la main qui ne tremble pas au moment de décider". Celles des quatre millions d’électeurs ayant participé à la primaire de la droite et du centre dimanche n’ont pas tremblé non plus en plongeant vers les urnes…malheureusement pour le maire de Meaux. L’ancien président de l’UMP n’a en effet reçu les suffrages que de 0,3% des votes exprimés dans la journée, c’est-à-dire 11.862 personnes selon des chiffres provisoires mais constitués après l’examen de 9.608 bureaux de votes, déjà, sur les 10.229 lieux concernés.
Avec ces 0,3%, il arrive d’ailleurs en dernier à l’issue de ce premier tour de scrutin, derrière un candidat bien moins connu, Jean-Frédéric Poisson, le président du Parti chrétien-démocrate qui, lui, a obtenu 1,5% des voix.
Sans précédent
Ces statistiques calamiteuses ont bien sûr déchaîné les ricanements de Twitter mais pas seulement. Un journaliste de Libération, qui a couvert la soirée électorale au sein du Quartier général de Jean-François Copé, affirme que "même des militants se sont marrés quand les premières estimations sont tombées".
Ce résultat est donc bien pénible pour celui qui n’a jamais vraiment caché son ambition présidentielle et qui avait réussi à revenir en politique après l’affaire Bygmalion. Au moment de reconnaître sa défaite, au bout de la soirée électorale, Jean-François Copé a déclaré: "La politique, c’est parfois cruel. Et le score que j’ai réalisé aujourd’hui, bien sûr, est une déception pour moi."
L’ampleur de l’humiliation est aussi insondable qu’inédite. Difficile de tracer des parallèles dans un pays aussi peu habitué à la pratique des primaires que la France. L’histoire récente nous fournit tout de même un point de comparaison. En 2011, lors de la primaire de la gauche, Jean-Michel Baylet, représentant le Parti radical de gauche, avait terminé à l’ultime position au premier tour. Il n’avait recueilli que 0,64% des votes, soit 17.055 voix. Un mauvais score qui surpasse largement la performance de Jean-François Copé.
Les facteurs d'une déroute
L’ex-porte-parole du gouvernement va bien devoir trouver les mots pour expliquer cette défaite. Sa victoire en 2012 pour la présidence de l’UMP avait considérablement altéré sa popularité. Ce congrès, entaché de très nombreuses irrégularités, a visiblement porté un plus grand préjudice à son vainqueur qu’au vaincu, François Fillon.
De plus, la propension du désormais malheureux candidat à verser dans l’autodérision alors que son message aux sympathisants de la droite et du centre ne passait pas a mis les rieurs de son côté, mais les électeurs de l’autre.
Enfin, sur le site de RTL, Alain Duhamel a identifié, quelques heures avant la clôture des bureaux de votes, une autre défaillance. Selon l’éditorialiste, durant sa campagne, l’ancien ministre du Budget n’avait pensé qu’à "régler ses comptes" avec Nicolas Sarkozy.
Jean-François Copé a annoncé qu’après une réunion avec "ses amis", il donnerait ce lundi sa consigne de vote pour le second tour de la primaire dans une semaine.
Au vu de sa passe d’armes avec François Fillon, lors de la course à la direction de l’UMP il y a quatre ans, il apparaît peu probable que son choix se porte sur le député élu à Paris et davantage qu’il désigne le maire de Bordeaux. Mais, sait-on jamais? L’homme est amateur de blagues après tout.