"Zones d'ombre" et "raid raté" évoqués sur la mort de Germaneau

Olivier Thomas, maire de Marcoussis, commune de l'Essonne où résidait Michel Germaneau (photo), s'interroge sur les "zones d'ombre" entourant la mort de l'otage français détenu au Sahara depuis le 20 avril. Une partie de la gauche dénonce pour sa part les - -
PARIS (Reuters) - Le maire PS de Marcoussis (Essonne), où résidait Michel Germaneau, s'est interrogé lundi sur les "zones d'ombre" entourant sa mort alors qu'une partie de la gauche dénonce les conditions du raid français au Mali pour tenter de libérer l'otage.
Si Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, a surtout exprimé sa tristesse après l'annonce de l'exécution de l'otage français, le Parti de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste déplorent un "fiasco" et un "raid raté."
En revanche, Axel Poniatowski, président UMP de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, "salue les efforts qui ont été déployés par le président de la République et le gouvernement pour tenter de sauver Michel Germaneau de ses ravisseurs.
"Malgré ce qu'a dit le président de la République sur le devoir d'intervenir, il y a quand même des zones d'ombre dans cette affaire que je n'arrive pas pour ma part à élucider", a dit Olivier Thomas, maire de Marcoussis.
"Est-ce un changement d'attitude de la France vis-à-vis de ses ressortissants lorsqu'ils sont pris en otage ? Moi, je n'ai pas le souvenir qu'il y ait un otage français qui ait été exécuté depuis extrêmement longtemps", a-t-il ajouté sur LCI.
Nicolas Sarkozy a confirmé lundi la mort de l'ingénieur retraité de 78 ans sans préciser les circonstances exactes de sa disparition. Michel Germaneau avait été enlevé fin avril au Niger.
Dans un enregistrement diffusé dimanche par la chaîne de télévision arabe Al Djazira, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a annoncé avoir tué Michel Germaneau en représailles à une opération militaire mauritanienne menée contre ses membres avec l'appui de l'armée française.
Au moins six combattants islamistes ont été tués lors de ce raid contre une base d'AQMI, jeudi dernier, dans le Sahara.
QUELLE PART DE RISQUE ?
"Qu'on déclare la guerre au terrorisme (...), je trouve ça bien et juste (...). En même temps, mettre en danger la vie de Français qui sont allés là-bas pour des causes humanitaires, c'est une décision qui est terrible", a dit Olivier Thomas.
"Moi, je souhaite qu'on me dise comment, pourquoi, dans quelles conditions et qui a décidé ces interventions militaires, avec quelle part de risque pour l'otage, avec quelles conséquences", a-t-il ajouté.
Le maire de Marcoussis a annoncé qu'il serait reçu jeudi à Matignon par le Premier ministre, François Fillon.
Martine Aubry a fait part de sa "profonde tristesse".
"Les conditions effroyables de sa détention et de son exécution devront être éclaircies mais aujourd'hui, nos pensées, tout comme celles de tous nos compatriotes, vont vers ses proches et sa famille", dit-elle dans un communiqué.
De son côté, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon "récuse l'opération française conduite dans un pays souverain, le Mali, sans mandat international."
"Le pouvoir s'est passé des pays directement concernés par les terroristes d'AQMI, en l'occurrence le Mali, l'Algérie, le Niger, pour ne privilégier qu'un accord isolé avec le régime mauritanien", dit-il.
Pour le NPA, le président de la République et le ministre des armées, "par leurs agissements irresponsables, portent une lourde responsabilité dans cette issue tragique." "Ni le Mali, théâtre de l'opération, ni même les pays voisins comme l'Algérie n'ont été avertis", dit-il.
Elizabeth Pineau et Gérard Bon, édité par Sophie Louet