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Police-Justice

"Vous êtes tombé dans le piège du terrorisme": des peines de prison ferme contre des membres d'un groupuscule terroriste antimusulman

La balance de la justice (photo d'illustration)

La balance de la justice (photo d'illustration) - DAMIEN MEYER - AFP

Neuf membre du groupe terroriste d'ultradroite Action des Forces Opérationnelles (AFO) ont été condamnés à des peines ne dépassant pas deux ans de prison ferme. Ils avaient été jugés en juin et juillet pour des projet d’attentats contre des imams, des musulmans et des mosquées en France.

Neuf membres d'un groupuscule terroriste d’extrême droite qui fomentait des attentats contre des musulmans en 2017-2018 ont été condamnés à des peines de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs terroriste" ce mardi 30 septembre.

Parmi eux, Guy Sibra, le chef d'Action des Forces Opérationnelles (AFO), qui a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis.

Reconnus coupable d’avoir fomenté des attentats en France, les leaders et les artificiers d’AFO, âgés de 39 à 76 ans, écopent d’une peine de deux ans de prison ferme. Parmi eu, un ancien diplomate ou encore un vétéran de la guerre d’Afghanistan. Quatre prévenus ont en revanche été relaxées.

L'AFO s’était constitué en 2017 en vue de "répondre" aux attentats djihadistes qui ont ensanglanté le France les deux années précédentes. Xénophobes, violents et armés, les membres de ce groupe d'extrême droite avaient alors élaboré entre eux plusieurs projets d’attentat: tuer des imams radicalisés, cacher des explosifs dans une mosquée, empoisonner de la nourriture halal au cyanure... Jusqu’à concevoir des explosifs et organiser des réunions préparatoires.

Des projets semblaient "imminents"

"Vous êtes tombés dans le piège du terrorisme en répondant à la terreur par la terreur. Par ce choix, vous avez cédé à la peur, à la haine, au mépris des valeurs de la France", a cinglé la présidente de la 16e chambre correctionnelle en énonçant son jugement.

"Par ce choix, vous avez cédé à la peur, à la haine, au mépris des valeurs de la France", a-t-elle poursuivi.

Certains des projets d'AFO présentaient certes "un très faible degré de préparation", mais d'autres semblaient "imminents", comme en témoignent les tests de grenades explosives qu’ils avaient réalisés peu avant leur interpellation en 2018. L'expérience du terroriste djihadiste ces dernières années "démontre le délai parfois bref entre conception, projet et passage à l’acte", a soutenu la magistrate.

Une cellule chargée de commettre les attentats

Le chef de l'AFO, Guy Sibra, a "conduit en conscience la dérive terroriste AFO" en créant notamment une cellule chargée de commettre les attentats, a tranché le tribunal. Ce sexagénaire a donc été condamné à deux ans de prison ferme, à l'instar de cinq autres membres de l'AFO, dont son adjoint, l'artificier et des cadres régionaux de la structure.

Tous "actifs" mais aussi "déterminés", selon la juge qui a clairement désigné leurs actions comme terroriste. "Vous avez désigné comme ennemie la communauté musulmane" et préparé "des projets terroristes contre des membres ou des symboles de cette population", a-t-elle détaillé.

Certains des condamnés, relativement âgés, avaient déjà effectué de la détention provisoire à l’issue de leur garde à vue. Tous purgeront le temps qu'il leur reste à domicile, avec un bracelet électronique à la cheville. Leur nom rejoindra le fichier des auteurs d'infractions terroristes (FIJAIT).

"Il n'est pas démontré que tous les membres avaient connaissance des projets d'inséminer la terreur", a nuancé le tribunal, avant de prononcer les relaxes pour quatre prévenus qui avaient été jugés lors du procès de l'AFO en juin.

Certains avaient d’ailleurs quitté le groupe à temps, après avoir découvert leurs projets "offensifs et guerriers". Ils ont été condamnés à de faibles amendes, entre 1.500 et 2.000 euros, pour avoir détenu des armes illégalement.

Paul Conge