Une voleuse porte plainte contre sa victime: "Il m'a bien cassée, j'ai assez payé"

Alors qu'elle avait reconnu lui avoir volé une sacoche, une femme de 52 ans a décidé de porter plainte contre son dentiste, après qu'il a publié une vidéo l'incriminant. La voleuse réclame des dommages et intérêts à sa victime pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".

C'est un étonnant retournement de situation. Une femme de 52 ans, qui a reconnu avoir volé une sacoche dans un cabinet dentaire à Nancy, a porté plainte contre sa victime, à qui elle reproche d'avoir publié sur Internet la vidéo du larcin captée par la vidéosurveillance.

"Il est victime, d'accord, mais il a quand même abusé de la situation. Il m'a bien cassée, bien descendue. Je pense que j'ai assez payé", estime la quinquagénaire.

Pour appeler à dénoncer la voleuse, le dentiste avait en effet publié la vidéo sur Facebook. Celle-ci a rapidement fait le "buzz" et été visionnée plus de 175.000 fois. "Je ne pensais pas que cette affaire prendrait une telle ampleur", avait néanmoins confié le praticien à L'Est Républicain.

"Une atteinte à l'intimité de la vie privée"

De son côté, la voleuse ne nie pas les faits et admet bien être l'auteure du délit. Elle-même s'est dénoncée au commissariat après que son image a été diffusée sur Internet. Ne supportant pas la méthode employée par sa victime, elle a donc décidé de porter plainte à son tour pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".

"Elle s'est déjà bien fait affichée, tout comme sa famille. On est montré du doigt", déplore une proche de la voleuse. "Plutôt que de déposer la vidéo aux services de police, il a préféré se faire justice lui-même", souligne-t-elle.

Et à la présomption d'innocence?

L'avocat de la quinquagénaire indique que sa cliente est "très atteinte psychologiquement" et qu'elle va demander des dommages et intérêts.

"Elle est d'ores et déjà condamnée par les réseaux sociaux avant même la comparution devant le tribunal correctionnel. Il y a là non seulement une atteinte à sa vie privée mais aussi à sa présomption d'innocence", assure Me Paul Kéré.

Même si les preuves sont quasi-formelles et que la prévenue reconnaît le vol, elle n'a toujours pas été jugée pour ses actes.

Joint par BFMTV, le dentiste n’a pas souhaité commenter ce rebondissement. Selon lui, il y avait 1.000 euros en liquide dans la sacoche qui ne lui ont pas été rendus. La mère de famille assure pour sa part ne pas avoir trouvé d'argent. La comparution est prévue pour le 31 mai au tribunal correctionnel de Nancy.

P. P. avec Antoine Heulard et Kevin Drouant