Un procès "douloureux" et "sous tension": trois mineurs jugés pour la mort de Philippe Coopman lors d'un guet-apens à Grande-Synthe

Un an et demi après la mort de Philippe Coopman, trois mineurs sont jugés à partir de ce lundi 29 septembre au tribunal pour enfants de Dunkerque (Nord). Âgés de 14 et 15 ans au moment des faits, ils sont accusés d'avoir tué le jeune homme de 22 ans en le battant à mort le 16 avril 2024 et de l'avoir laissé inconscient sur un parking à Grande-Synthe.
Ils avaient été arrêtés et mis en examen pour meurtre avec guet-apens, avant une requalification des faits du chef d'assassinat. En effet, les accusés avaient déclaré avoir donné un rendez-vous à la victime sur un parking via le site internet Coco, fermé depuis, en se faisant passer pour une jeune fille mineure. Ils avaient jugé "répréhensible" de répondre à une telle annonce.
Un procès à huis clos
Le procès, qui doit durer quatre jours et se clore jeudi en fin de journée, se tient à huis clos en raison de l'âge des accusés, toujours mineurs. Dès le premier jour de ce procès, la tension est particulièrement importante. Une heure à peine après le début de l'audience ce lundi matin, la mère de Philippe Coopman est sortie de la salle en pleurs, accompagnée de plusieurs membres de sa famille.
Au total, 17 personnes se sont constituées partie civile lors de ce procès. Lors d'une suspension de séance, leur avocate a qualifié ce procès de "douloureux" et "sous tension", "où les accusés expriment très peu d'empathie voire même pas du tout pour les victimes".
Les proches de Philippe Coopman dénoncent un "déchaînement de violence", contre un jeune homme qui "était au mauvais endroit, au mauvais moment", selon Me Anaïs Pascal. En effet, pour sa famille, le jeune homme a été pris à partie à tort et n'était pas la cible initiale du guet-apens.
De leur côté, les suspects ont affirmé eux avoir vérifié l'identité de leur cible, notamment en l'appelant sur son numéro et en entendant la sonnerie de son téléphone.
Un contexte très tendu
Les prévenus encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Le site Coco a été fermé à la demande des autorités françaises en juin 2024. La plateforme était notamment connue pour l'organisation de guet-apens de ce style mais également surtout à l'encontre de personnes homosexuelles. Le site avait aussi été utilisé, par exemple, par Dominique Pélicot pour recruter des hommes qui violaient son épouse ou encore pour la diffusion de contenus pédocriminels.
La mort de Philippe Coopman en avril 2024 avait suscité une forte émotion à Grande-Synthe, à côté de Dunkerque, et de longs jours de tension palpables dans la ville. Le frère de la victime avait été accusé de violences dénoncées par la mère de l’une des personnes mises en examen. Deux jours après le meurtre de Philippe Coopman, un cousin d'un accusé avait également été agressé.
Le maire, Martial Beyaert, avait fini par lancer un appel au calme, appelant à ce que "le sentiment de vengeance de certains s'estompe".