TOUT COMPRENDRE - L'affaire Gabriel à Bondy, nouveau symbole des violences policières?
C’est l’autre visage aperçu sur les pancartes de la manifestation parisienne devant le tribunal judiciaire mardi, en soutien à Adama Traoré, et plus globalement contre les violences policières. Celui de Gabriel, 14 ans, photographié avec un œil au beurre noir, des dents cassées et des ecchymoses sur le front. Des blessures qui résultent de son interpellation à Bondy (Seine-Saint-Denis), il y a dix jours, et sur lesquelles sa version s’oppose avec celle de la police. BFMTV.com fait le point sur cette affaire, qui intervient en pleine remise en cause des techniques d’interpellation des forces de l’ordre.
- Quelle est l'origine de l'affaire?
Dans la nuit du 25 au 26 mai, Gabriel prend la fuite alors qu’il est aperçu par la police à Bondy en train d'essayer de voler un scooter sur la voie publique avec un autre adolescent. L’interpellation de son ami se déroule sans accroc. Lui termine aux urgences pédiatriques de l’hôpital Jean Verdier le lendemain matin.
Le jeune homme, qui s'est vu prescrire 30 jours d'incapacité totale de travail (ITT), souffre notamment d'une "fracture maxillaire étendue au plancher de l'orbite gauche", selon une source proche de l’enquête à l’Agence France Presse (AFP). Il a depuis subi une intervention chirurgicale de trois heures pour réparer l’os de son orbite. "Il a du mal à se réveiller, il a mal à l'œil, il pleure", raconte son frère Chérif à BFMTV.
- Quelle est la version de Gabriel?
Dans des propos rapportés par le Bondy Blog, Gabriel assure avoir été violenté par les policiers: "Ils m’ont plaqué au sol, ils ont mis un genou sur ma tête, un genou sur mes épaules, ils m’ont mis les menottes. La femme (...) tenait mes chevilles pendant qu’un agent (...) me donnait des coups de bottes dans la tête." L'avocat du garçon, Stéphane Gas, nous a donné davantage de détails sur le récit de son client:
"Le problème arrive lorsqu'un second collègue rejoint le premier collègue qui avait interpellé Gabriel et l'avait menotté", explique-t-il à BFMTV. Ce dernier agent "décide à ce moment-là de lui infliger trois ou quatre coups de pied en plein visage, alors que Gabriel, 14 ans, 50 kilos, est seul et maîtrisé au sol, et ne présente évidemment aucune menace ni aucun risque d'aucune sorte pour qui que ce soit.”
- Quelle est la version des forces de l'ordre?
Une source policière a affirmé à l’AFP que Gabriel avait "fait une chute" et s'était "rebellé" lors de son arrestation. Tandis qu’un premier agent s’est occupé d’immobiliser le garçon, un second aurait "trébuché" sur quelque chose, "peut-être sur le haut du corps du garçon", rapporte, dans des propos confus, Grégory Goupil, secrétaire national adjoint Ile-de-France du syndicat Alliance Police nationale, interrogé par Le Monde.
- Où en la procédure judiciaire?
Ce mardi, la famille de Gabriel a déposé plainte pour "violences en réunion" contre les policiers. La plainte a été déposée au parquet de Bobigny pour "violences aggravées par trois circonstances: en réunion, par personne dépositaire de l'autorité publique et sur un mineur de 15 ans", a précisé l'avocat de la famille, Stéphane Gas.
Cette plainte vient s'ajouter à celle déjà déposée par la famille auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui vise à "permettre de travailler sur la version des faits exposée par Gabriel”. Selon France Bleu, l'adolescent a été auditionné ce jeudi matin par l’IGPN.