Toulouse: prison avec sursis requise contre le directeur d'une école coranique clandestine

L'imam Abdelfattah Rahhaoui lors d'un groupe scolaire, le 23 janvier 2014. - Rémy Gabalda - AFP
L'imam controversé Abdelfattah Rahhaoui comparaissait jeudi devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour violence sur mineurs, ouverture d'un collège confessionnel clandestin et poursuite d'une activité scolaire malgré une mise en demeure de l'Education nationale.
Réputé pour son conservatisme, l'imam dirige depuis 2013 l'école hors-contrat Al Badr, ouverte dans le quartier populaire de Bellefontaine. Il n'avait l'autorisation de délivrer un enseignement qu'à 55 élèves de primaire. Mais le directeur semble également donner des cours à des collégiens. Pour se défendre, Abdelfattah Rahhaoui évoque "du soutien et de l'accompagnement", "jusqu'à 15 heures par semaine".
'Il m'a frappé, me faisant tomber par terre"
Mais une lettre adressée au procureur par une ancienne élève de 6ème met à mal la défense de l'imam. L'enfant, qui est depuis scolarisé dans un des deux autres établissements musulmans que compte Toulouse, explique qu'une partie des élèves était obligée de se cacher à chaque fois qu'une inspection de l'académie avait lieu.
Selon ses déclarations, rapportées par CôtéToulouse, il l'aurait également "frappé au niveau de la joue", la "faisant tomber par terre". "Le directeur nous terrorisait, nous criait dessus, favorisait ses enfants et se moquait des enseignants ainsi que des élèves", écrit-elle dans sa lettre au procureur. Un autre élève, alors âgé de onze ans, l'accuse d'avoir "jeté une table" sur lui en 2014. De son côté, Abdelfattah Rahhaoui dénonce "un tissu de mensonges"
Son école, barrage pour "ces jeunes qui partent en Syrie"
Il lui est également reproché de ne pas dispenser un enseignement conforme au Code de l'éducation. La présidente du tribunal s'attarde notamment sur le corps professoral. Sur 13 enseignants, cinq sont en charge de l'apprentissage l'arabe et un l'éducation coranique, tandis que trois se consacrent à la culture générale et trois au soutien scolaire.
Pour se défendre, l'imam a assuré que son établissement "enseigne toutes les matières du socle commun", rapporte 20 Minutes. Il a poursuivi en affirmant que l'école Al Badr est "le premier barrage pour tout ceux qui partent en Syrie ou autres". "On cherche à donner aux enfants la meilleure éducation possible", a-t-il déclaré.
Fermeture de l'établissement requise
"Vous cherchez l'excellence en dehors de la loi", lui a répondu la procureure de la République, raillant un soi-disant "complot islamophobe". Elle a requis quatre mois de prison avec sursis, 5.000 euros d'amende et l'interdiction de diriger un établissement scolaire à l'encontre d'Abdelfattah Rahhaoui, ainsi que la fermeture définitive d'Al Badr, où 90 enfants sont scolarisés.
3.000 euros d'amende pour ouverture illégale de classe de collège et trois mois de prison avec sursis pour violences ont également été requis. Le jugement a été mis en délibéré au 15 décembre prochain.