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Police-Justice

Toulouse: l'ex-gendarme a-t-il porté des coups mortels à une nonagénaire?

Daniel Bedos, 56 ans, est jugé aux assises de Toulouse.

Daniel Bedos, 56 ans, est jugé aux assises de Toulouse. - -

Le procès d'un ancien gendarme accusé d'avoir porté des coups mortels à une nonagénaire pour lui voler ses bijoux a débuté lundi matin devant la cour d'assises de la Haute-Garonne. Récit.

Quelques bijoux de valeur. C'est le maigre butin qui a coûté la vie à Suzanne Blanc, 97 ans, en 2010. Daniel Bedos, ex-gendarme âgé de 56 ans, l'a-t-il assassiné? C'est la question à laquelle devra répondre la cour d'assises de Haute-Garonne, réunie dès ce lundi pour juger cette sordide affaire.

Nous sommes le 18 août 2010. Suzanne Blanc, veuve discrète et coquette de 97 ans, encore autonome malgré son âge avancé, est surprise à son domicile toulousain par un malfaiteur. Elle sera retrouvée le lendemain, agonisante, le visage tuméfié, et succombera quelques heures plus tard d'un traumatisme cranio-facial grave. A son domicile, il ne manque presque rien: un sac à main, des bijoux, un chéquier.

Rapidement, les soupçons s'orientent vers Daniel Bedos, ancien gendarme quinquagénaire, crâne dégarni. Le lendemain du crime, l'homme a revendu des bijoux de la victime, pour la somme de 1.231 euros dans un dépôt-vente. Pas de doute sur son identité: le vendeur l'a formellement reconnu, et d'ailleurs, Daniel Bedos ne nie pas le recel de bijoux. Mais depuis son arrestation en 2010, il campe sur ses positions: jamais il n'a pénétré le domicile de Suzanne Blanc.

Un suspect idéal, finalement innocenté

Les bijoux, il en a "hérité" le lendemain du meurtre, selon lui. Il accuse un client du PMU qu'il fréquente habituellement, "Le Gaulois", de lui avoir revendu le butin. Ce dernier, alcoolique aux antécédents psychiatriques, déjà condamné pour homicide, sera entendu de près par les enquêteurs et mis en examen, avant d'être finalement mis hors de cause dans l'agression.

Ce lundi, interrogé à l'ouverture des débats, Daniel Bedos a de nouveau nié toute implication dans cet homicide crapuleux: "Monsieur le Président, la réponse à votre question, je la donne depuis trois ans et demi. Trois ans et demi que je clame mon innocence. Avec tout le respect que je vous dois, je n'ai rien à faire dans ce box."

Son ex-femme, témoin à charge

Face à lui, un témoin à charge de taille: son ex-épouse, attendue mercredi, qui affirme avoir recueilli les aveux de l'ancien gendarme alors qu'il était en détention provisoire. Fort de sa carrière dans les forces de l'ordre, l'homme aurait analysé froidement par téléphone les éléments de l'enquête, sûr de ne pas pouvoir être accablé. "Ils n'ont aucune bille, rien", aurait-il lancé à sa femme, avant de lui demander de mentir pour lui. "Tu diras aux flics qu'il te manque deux colliers, deux bracelets."

Autant d'éléments qui pèsent contre l'accusé, même si à ce jour, il n'y a pas de preuve matérielle de sa présence chez la victime. Lundi matin, la cour a procédé à l'examen de sa personnalité, décrite comme narcissique et égocentrique. Interrogé sur sa famille, l'accusé a expliqué avoir "toujours été le vilain petit canard". "Mes parents ne m'ont jamais porté d'amour. Je n'ai pas de sentiments pour ma famille, mes parents n'en ayant pas eu pour moi depuis 1956", a-t-il lâché, en référence à l'année de sa naissance. Verdict mercredi.

Alexandra Gonzalez