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Tony, 3 ans, battu à mort par son beau-père: le procès s'ouvre ce lundi

Tony, 3 ans, a été battu régulièrement jusqu'à sa mort le 26 novembre 2016.

Tony, 3 ans, a été battu régulièrement jusqu'à sa mort le 26 novembre 2016. - FRANCOIS NASCIMBENI

Loïc Vantal est jugé à partir de ce lundi devant la cour d'assises de la Marne pour avoir violenté quotidiennement le fils de sa comapgne, conduisant au décès de l'enfant en 2016. La mère est également poursuivie.

C'était il y a quasiment un an jour pour jour. Loïc Vantal et Caroline Létoile pénétraient dans la salle de la cour d'assises de la Marne. Lui comparaissait détenu, elle libre, sous contrôle judiciaire. Lui, crâne rasé, à l'exception d'une crête, debout dans le box le regard droit fixant la salle. Elle, repliée sur elle-même, nerveuse, fondant en larmes lorsque la présidente de la cour a décidé d'ordonner le renvoi du procès en raison du mouvement de grève des avocats.

Un an plus tard, Loïc Vantal et Caroline Létoile sont de retour devant cette même cour d'assises où cette fois-ci ils devront répondre des actes qui ont conduit à la mort de Tony, 3 ans, le fils de la jeune femme. Loïc Vantal, 28 ans, comparaît ce lundi pour "violences à titre habituel sur mineur de 15 ans" et "coups ayant entrainé la mort sans l’intention de la donner sur mineur de 15 ans". Caroline Létoile, aujourd'hui âgée de 24 ans, pour "non-assistance à personne en danger et non dénonciation de privations et de mauvais traitements dont elle avait connaissance". Ils encourent respectivement 30 et 5 ans de prison.

Du sang de l'enfant partout dans l'appartement

Au fil des semaines, jusqu'à sa mort le 26 novembre 2016, le petit Tony, est devenu le "souffre-douleur" de son beau-père, victime de ce huis clos criminel. Le couple s'était installé ensemble en septembre de la même année dans un appartement place des Argonautes à Reims. A partir de cette date, les insultes et les brimades étaient quotidiennes, les coups étaient réguliers, avant de s'intensifier. Traité de "crasseux", "bâtard", Tony, 3 ans était frappé lorsqu'il désobéissait, répondait mal aux questions ou encore pour des bêtises anodines comme faire tomber de la nourriture au sol.

Tony a reçu pendant ces cinq semaines conduisant à sa mort des claques, des fessées, des coups de poing. Le 22 novembre, quatre jours avant sa mort, il a reçu "trois claques, un coup de poing et il a volé dans l'armoire de sa chambre", a décrit Loïc Vantal aux juges d'instruction, reconnaissant lui avoir aussi cassé le nez. Preuve de ce déchaînement de violences, le sang de l'enfant a été retrouvé partout dans l'appartement. Au sol dans le salon, l'entrée, la cuisine, dans la chambre de l'enfant, sous un tas de vêtements, le long du lit en bois ou du canapé, sur une armoire, les enquêteurs ont découvert le sang de Tony.

Du sang a aussi été retrouvé à côté du petit bureau de l'enfant, dans la salle de bain, les toilettes, sur la cuvette ou encore sur un seau dans l'appartement. L'autopsie a révélé des lésions traumatiques multiples, au visage, au cuir chevelu, plusieurs fractures des côtes mais aussi une lésion du frein de la lèvre supérieure, "particulièrement évocatrice de maltraitance" selon les experts. Le petit garçon a fini par succomber d'un écrasement de la rate et du pancréas, après avoir passé deux jours à vomir sans que personne n'intervienne.

Le procès du silence

Loïc Vantal a reconnu les coups, évoquant une volonté de "discipliner" l'enfant. Caroline Létoile a admis que son compagnon de l'époque frappait son fils. Devant les enquêteurs elle dira même l'avoir "averti" que s'il continuait à le frapper il le "tuerait certainement". La jeune femme, qui est tombée enceinte à l'âge de 16 ans, est décrite par les experts comme immature et soumise. Elle a toujours fait valoir qu'elle avait eu "peur" de dénoncer son compagnon. Les juges ont toutefois eux estimé qu'elle avait eu l'occasion "de prendre la fuite", justifiant son renvoi devant la cour d'assises. Sa seule action en faveur de son fils ayant été d'appeler les pompiers le jour de la mort de Tony.

"A cause de lui, je ne pouvais plus du tout le (Tony, NDLR) voir, elle (Caroline Létoile, NDLR) ne voyait plus sa famille à cause de lui", témoignait en 2016 sur BFMTV Anthony Alves, le père biologique de Tony. "Elle aurait pu parler, elle aurait pu avouer ce qu'il faisait, elle était au courant, elle était là. Les voisins ils auraient pu parler, ou aller directement à la police pour dire ce qu'il se passait."

Pour le ministère public, ce procès est aussi celui du silence. Le procureur Mathieu Bourrette, au moment des faits, avait d'ailleurs estimé que l'enfant "aurait pu passer la Noël 2016" si les proches ou les voisins avaient parlé. Le parquet de Reims puis le parquet général ont d'ailleurs poursuivi l'un des voisins de Loïc Vantal et Caroline Létoile pour "non-dénonciation de mauvais traitements". Relaxé en première instance puis en appel, Jonathan L. se voit reprocher de ne pas avoir dénoncé les faits, quel qu'ils soient, à une autorité judiciaire. La cour de cassation, saisie par le parquet général, devra désormais trancher. Loïc Vantal et Caroline Létoile seront eux fixés sur leur sort vendredi.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV