Serge Lazarevic libéré: comment se passe le débriefing avec la DGSE?

François Hollande accompagne Serge Lazarevic, sa fille et le fils de Philippe Verdon vers les micros, pour une première déclaration. - Bertrand Guay - AFP
Comme tous les otages après leur libération, Serge Lazarevic, rentré mercredi en France après trois ans de détention au Sahel, va être débriefé en un lieu discret par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), étape obligée après les examens médicaux et psychologiques dans un hôpital militaire.
Ces débriefings (rapports de mission), ou "retex" pour retour d'expérience, sont essentiels car ils aident les analystes des services de renseignement français à recouper leurs informations sur les preneurs d'otages.
Deux étapes pour le débriefing
Les débriefings se déroulent généralement en deux étapes, suivant des procédures bien rodées, expliquent les spécialistes. La première a lieu dès le retour de l'otage à la liberté en s'appuyant sur sa mémoire et ses émotions immédiates avant que certains souvenirs ne s'estompent.
La seconde phase a lieu après le retour en France, dans un lieu calme et discret, après que l'otage a retrouvé ses proches. Une seconde séance qui dure "au moins une journée", précisait Eric Denécé, du Centre français de recherche sur le renseignement, lors de la libération de quatre otages français, en octobre 2013.
Les membres des services de renseignement vont demander à Serge Lazarevic un maximum de détails: conditions et lieux de détention, calendrier de la captivité, comportement des ravisseurs et éventuelles dissensions entre eux, armements et véhicules... Le moindre détail - a priori sans intérêt pour l'ex-otage - peut aider les agents à parfaire leur connaissance du terrain.
Les informations recoupées et comparées
Ces informations permettront aussi de "mieux connaître les groupes qui enlèvent des Français", selon Eric Denécé. Elles seront ensuite comparées avec des éléments recueillis par d'autres sources ou lors d'échanges bilatéraux avec des services amis.
Ces débriefings permettent aux services de renseignement de reconstituer les modes opératoires des ravisseurs et de faire également un "retex" sur les intermédiaires qui ont été contactés. Ils ont "un objectif opérationnel", confirme Frédéric Gallois, ancien commandant du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui a connu plusieurs dossiers d'otages. Ils se déroulent assez rapidement "pour ne pas raviver deux ou trois mois plus tard de très mauvais souvenirs". Après ces deux étapes cruciales, Serge Lazarevic abordera une étape des plus délicates: il tentera de retrouver avec sa famille une vie normale.