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Terrorisme

Qui est le couple radicalisé de Montpellier?

Les policiers scrutent aussi les réseaux sociaux et Internet, car beaucoup de radicalisations sont initiées par des médiums.

Les policiers scrutent aussi les réseaux sociaux et Internet, car beaucoup de radicalisations sont initiées par des médiums. - BFMTV

Un couple "sympathique, poli, gentil et très religieux". Le témoignage des voisins du couple montpelliérain en garde à vue dans le cadre d'une enquête antiterroriste, résonne comme une antienne. Contraste entre une attitude respectueuse des autres et un processus de radicalisation en cours.

Caroline, jeune Française de 23 ans convertie à l'islam et son compagnon, Abbas 35 ans, tous deux de Montpellier, sont en garde à vue depuis lundi. Les enquêteurs ont découvert chez eux un mystérieux faux ventre de femme enceinte, recouvert d'aluminium. Le couple, uni religieusement, avait été initialement placé en garde à vue pour apologie de terrorisme dans une enquête menée localement, a indiqué une source judiciaire, qui confirmait une information du Midi Libre. Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert le 17 décembre une enquête de son côté.

Les voisines avaient noté des signes évidents de radicalisation

Les voisins de ces parents d'un petit garçon décrivent un couple prosélyte, mais plutôt "sympathique, poli, gentil et très religieux". Dans la résidence Fontaine de Cotte, appartenant à un ensemble de petits immeubles blancs et rose pâle du quartier de la Celleneuve, les voisins relèvent aussi le port de vêtements traditionnels.

Le mari "était charmant, je n'ai jamais eu de problème avec lui. J'ai toujours eu beaucoup de sympathie pour lui, même s'il s'était radicalisé. Elle, je n'aimais pas trop parler avec elle", a ainsi une voisine septuagénaire.

Les signes de radicalisation ne sont pas apparus d'un coup, mais de façon progressive, explique aussi l'entourage.

"Quand ils se sont mis ensemble (il y a trois ans, Ndlr), il ne s'habillait plus en civil, mais ça restait la même personne polie, gentille. Mails ils n'avaient pas trop de contacts avec les voisins. On ne voit pas des gens agressifs, ils n'étaient pas hostiles", souligne une voisine.

"Elle était vraiment habillée comme les dames qui sont radicales, avec les gants, avec le voile, avec les longues robes. Lui, il avait tout le temps aussi comme une espèce de tunique", est-il ajouté.

Un couple "gentil, poli" mais renfermé sur lui-même

Les différents témoignages vont tous dans le même sens de personnes respectueuses d'autrui et en même temps très concentrées sur une religiosité exacerbée.

"Quand elle est venue me remercier pour le petit cadeau que j'avais fait pour son fils, elle est venue avec le Coran à la main, en me distant: 'Tenez, lisez ça'", ajoute une autre voisine interrogée par BFMTV.

Caroline, née d'un père issu d'une famille de bourgeois catholiques de l'Hérault décédé alors qu'elle n'était pas encore née et d'une mère originaire de Guyane, s'est radicalisée lorsqu'elle avait 18-19 ans.

Un faux ventre retrouvé

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont découvert un faux ventre de femme enceinte qui aurait pu servir à dissimuler des objets, recouvert d'une couche d'aluminium. Un dispositif qui, selon le journal, aurait pu avoir pour finalité d'échapper à des détections. Le faux ventre avait été évidé artisanalement. Aucun explosif n'a été retrouvé mais l'analyse des ordinateurs du couple a permis d'établir que des photos de jihadistes avaient été consultées, ou des recherches effectuées sur la fabrication d'engins explosifs, selon la source proche du dossier.

Par ailleurs, la défense de la jeune femme qui dit avoir conçu ce dispositif pour procéder à des vols à l'étalage ne convainc pas les enquêteurs. La jeune femme a récemment touché un héritage important, de plusieurs centaines de milliers d'euros.

Extrême tension en France pour les fêtes de fin d'année

Ces gardes à vue interviennent alors que la tension est forte en France à l'approche des fêtes de fin d'année, près d'un mois et demi après les attentats de Paris. Mardi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé qu'un projet d'attentat avait été déjoué la semaine dernière près d'Orléans.

Selon Manuel Valls, "le seuil des 1.000 individus ayant rejoint depuis la France les groupes jihadistes en Syrie ou en Irak vient d'être franchi". "Environ 600 d'entre eux y sont toujours et on estime à 148 le nombre d'individus ayant trouvé la mort", a-t-il ajouté, précisant que "250 sont revenus sur notre sol".

D. N. avec Jean-Wilfried Forquès, Audrey Guiraud avec Anne-Sophie Warmont