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Terrorisme

Les rescapés des attentats face aux chocs post-traumatiques

Au moins 129 personnes ont été tuées dans les attentats du 13 novembre.

Au moins 129 personnes ont été tuées dans les attentats du 13 novembre. - Kenzo Tribouillard - AFP

Depuis vendredi, les victimes sont prises en charge par des psychiatres qui tentent de prévenir les conséquences du traumatisme vécu après les attentats. Florian Ferreri, psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine et membre de ces équipes, explique sur BFMTV les phénomènes qui peuvent survenir après le choc.

Les attentats du 13 novembre ont fait au moins 129 morts et des centaines de blessés. Parmi eux, beaucoup sont traumatisés. Les psychiatres de l'hôpital Saint-Antoine, dont Florian Ferreri fait partie, les prennent en charge depuis vendredi. Il était mardi après-midi l'invité de BFMTV.

Quels sont les traumatismes auxquels vous avez dû faire face depuis vendredi?

On a reçu les victimes directes, les personnes qui étaient présentes dans les restaurants et dans le Bataclan. Ils nous racontent une scène d'effroi. Ils ont vécu des événements extrêmement impressionnants. Bien qu'ils aient survécu, ils sont extrêmement choqués, ils ont du mal à verbaliser.

Pour certains, ils ont l'impression de ne plus être du tout eux-mêmes. L'impression que le temps s'est arrêté, qu'ils sont un peu spectateurs de la vie et qu'ils n'arrivent pas à raccrocher à une certaine réalité.

Ces victimes peuvent-elles avoir du mal à réintégrer leur vie?

Les conséquences peuvent être extrêmement importantes, notamment si ça se pérennise dans le temps. Que les personnes soient stressées autour de l'événement, c'est quelque chose de naturel. Nous, on veut agir maintenant pour éviter de développer ce qu'on appelle un état de choc post-traumatique, qui se caractérise par des flash-back très riches et très poignants.

La personne revit le traumatisme qui venait de se passer avec des conduites d'évitement et des manifestations dépressives. Certaines personnes ont du mal à reprendre leur emploi, leur vie personnelle, leurs sorties, leurs activités. Le handicap peut être majeur.

Dans ces situations traumatisantes, on parle souvent de phénomène de décompensation, de quoi s'agit-il?

Une décompensation c'est quand, face à une situation stressante, on est en stress dépassé. Le stress dépassé ça peut être des mouvements de panique, ça peut être de la sidération, des mouvements automatiques ou un blackout total, la personne ne se souvient pas qu'elle était sur la scène de l'incident.

La prise en charge immédiate est là pour atténuer ces phénomènes et prévenir le risque de développer un état de stress post-traumatique. Mais il y aussi des personnes qui peuvent passer inaperçues, qui ont très peu de manifestations autour du traumatisme et qui risquent de développer a posteriori des phénomènes extrêmement invalidants de flash-back, de troubles de la mémoire, d'irritabilité, de tension très importante. 

Quels conseils pouvez-vous donner aux proches des victimes?

De leur apporter le réconfort et le soutien, de comprendre qu'ils peuvent être un peu différents qu'à l'accoutumée. S'ils sentent qu'il y a un repli, qu'ils évitent un certain nombre de situations, qu'ils ne s'alimentent plus, qu'ils ne dorment plus, qu'ils font des cauchemars, de les inciter à consulter, soit dans des centres spécialisés, soit d'abord chez leur médecin traitant qui pourra évaluer la situation.

C. B