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François Molins

Le procureur de Paris François Molins

Le procureur de Paris François Molins - MATTHIEU ALEXANDRE - AFP

"L'enquête a progressé sur le volet Coulibaly et non sur celui des frères Kouachi", a expliqué mercredi le procureur de Paris François Molins, alors que trois d'entre eux sont notamment poursuivis pour avoir acheté dans des armureries du "matériel" pour Amedy Coulibaly.

Quatre hommes, interpellés en région parisienne, ont été mis en examen et écroués dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris contre Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris. Les quatre mis en examen, Willy P., Christophe R., Tonino G. et Michaël A., âgés de 22 à 28 ans, sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteinte aux personnes. L'un d'entre eux est également mis en examen pour détention et port ou transport d'armes. Aucun n'est mis en examen pour complicité d'assassinat à ce stade des investigations mais "on pense qu'il y a un groupe d'individus qui a apporté des faits positifs, dans le cadre d'une entente, et que tout ça a servi à commettre le projet terroriste", a indiqué François Molins, le procureur de Paris.

"Progrès dans le volet Coulibaly, pas dans celui des frères Kouachi"

"L'enquête a progressé sur le volet Coulibaly et non sur celui des frères Kouachi", a expliqué mercredi le procureur de Paris François Molins, alors que trois d'entre eux sont notamment poursuivis pour avoir acheté dans un magasin de surplus militaire du "matériel" pour Amedy Coulibaly, notamment des gilets tactiques, des bombes lacrymogènes ou des couteaux.

"Ces armes achetées en décembre" dans des armureries "correspondent en tous points" aux armes" d'Amedy Coulibaly dont les différents échanges téléphoniques ont révélé de nombreuses informations.

Pièce d'identité et empreinte ADN

Trois des quatre individus individus étaient également "présents lors de l'achat de la Mégane pour le compte d'Amédy Coulibaly". Ce véhicule, dont les clés avaient été retrouvées sur le tueur et était garé à proximité immédiate du lieu de la prise d'otages. A l'intérieur, les policiers ont trouvé une enveloppe contenant la photocopie d'une pièce d'identité de la mère de Willy P., originaire de Grigny où il a grandi avec Amédy Coulibaly.

Quant à Michaël A., son ADN "a été identifié sur la crosse, la culasse, le chien et la détente d'un pistolet automatique et d'un revolver de type Tokarev, deux armes retrouvées au domicile de Coulibaly à Gentilly" et son "profil génétique" a été "mis en évidence sur un gant retrouvé dans l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes", a détaillé François Molins.

De plus, ce suspect était en contact téléphonique régulier avec Coulibaly dans les semaines ayant précédé les attentats, jusqu'à deux jours avant le premier meurtre contre la policière municipale de Montrouge.

L'attaque du supermarché casher de paris probablement "pas improvisée"

"Il y a un certain nombre d'éléments dans le dossier, que je ne veux pas vous préciser, qui laissent penser que la cible n'a pas été improvisée le 9 au matin", a répondu lors d'une conférence de presse François Molins, interrogé sur de possibles repérages effectués les jours ayant précédé l'attaque de l'Hyper Casher.

"On ne peut pas effectivement ignorer le fait qu'à proximité quasi immédiate de la scène de l'assassinat de cette pauvre policière, il y a une école juive, donc là aussi la question se pose", a ajouté le haut magistrat.

François Molins a indiqué lors de son point presse qu'un "lien formel" avait été établi "entre l'un des fusils d'assaut Kalachnikov découverts dans l'Hyper Casher et des étuis percutés à Montrouge".

"Une sphère de gens qui se connaissent"

"On reproche à mon client d'avoir acheté ou servi d'intermédiaire pour l'acquisition d'un véhicule, de plusieurs gilets tactiques, d'un Taser et d'un couteau", explique l'avocat d'un des mis en examen à BFMTV. Mais selon lui, "son client a été tabassé, victime d'une expédition punitive après avoir refusé son aide et terrorisé" au point de "devenir corvéable", au service d'Amedy Coulibaly.

"Nous sommes dans une sphère de gens qui se connaissent parce qu'ils ont grandi dans les mêmes quartiers, ont commis ensemble des délits de droit commun ou été placés en détention ensemble", a détaillé le procureur.

Une partie de l'équipement a été retrouvé à Gentilly (Val-de-Marne) dans une planque d'Amedy Coulibaly, a précisé François Molins. Deux valises ont été retrouvées dans la salle de bain. Elles comportent essentiellement des armes lourdes ainsi que des photocopies de drapeaux jihadistes. Le lieu "s'apparente à un véritable logement conspiratif" a déclaré François Molins.

Mardi, la justice bulgare a ordonné l'extradition en France d'un proche des frères Kouachi, Fritz-Joly Joachin, qui avait été arrêté le 1er janvier à la frontière bulgaro-turque avec son fils de 3 ans, soit six jours avant la première tuerie.

S.A. avec AFP