BFMTV
Police-Justice

Temps de repos: Macron inquiète les policiers

camions de CRS.

camions de CRS. - AFP

Lors de son discours aux forces de sécurité intérieure, le président de la République a provoqué une certaine confusion en se prononçant sur une mesure en matière de temps de repos accordée aux gendarmes. Si ces derniers conserveront leur avantage, c'est l'inquiétude qui guette chez les policiers, et notamment les CRS.

Une petite phrase qui a crée un certain malaise. Mercredi dernier, Emmanuel Macron livrait son premier discours en matière de sécurité, depuis son élection, devant les forces de sécurité intérieure. Lutte contre le terrorisme, mise en place de la nouvelle police de sécurité de quotidien ou encore protection des policiers et gendarmes sont autant de sujets qui ont été abordés. Tout comme l'une des mesures en matière de temps de repos mise en place au sein de la gendarmerie il y a tout juste un an. Une "question sensible" reconnait le président avant d'en annoncer tout simplement la fin.

"Sur ce sujet, je dirai aussi très clairement que ma détermination est complète pour que, aussi bien la gendarmerie, que le ministère des Armées, ne soient pas concernés par la directive bien connue, indiquait alors le chef de l'Etat. Les choses sont claires, notifiées à qui de droit, et seront portées jusqu’à leur terme."

Plus d'efficacité, plus de lucidité

Accueillie dans un brouhaha collectif, cette annonce ferme fait référence à une directive européenne datant de 2003 qui impose, à tous les travailleurs, une période minimale de repos de 11 heures consécutives sur chaque période de 24 heures. Cette règle est testée depuis septembre 2016 au sein de la gendarmerie nationale et correspond à une période où les gendarmes ne sont ni en patrouille, ni engagés mais peuvent toutefois être d'astreinte. "Se reposer est nécessaire pour plus d'efficacité et plus de lucidité, sans oublier les risques psycho-sociaux, rappelle Frédéric Le Louette, président de l'association professionnelle nationale des militaires de la gendarmerie, GendXXI. 

Echaudé par l'annonce d'Emmanuel Macron, les gendarmes ont réclamé des éclaircissements sur cette instruction provisoire. Ils ont depuis obtenu la garantie que la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) ne reviendra pas en arrière sur cette mesure de temps de repos. Et les gendarmes plaident le bons sens. "Pendant l'ouragan Irma, la période de 11 heures de repos a été supprimée, par exemple, détaille Frédéric Le Louette. Lorsqu'il se passe quelque chose, nous sommes rappelés et nous sommes réactifs, exactement comme avant."

En revanche, les gendarmes sont inquiets sur une autre mesure imposée par cette directive européenne. Les militaires réclament la mise en place d'une limite de 48 heures de travail hebdomadaire, lissée sur six mois ou un an. Concrètement, si, en cas de nécessité (maintien de l'ordre, catastrophe naturelle, attentat...), des gendarmes sont mobilisés, par exemple, pendant 70 heures sur une semaine, ils réclament pouvoir travailler moins sur les autres semaines pour ne pas dépasser les 48 heures hebdomadaires. "Après un moment où ça explose, on souhaiterait juste avoir du temps de repos", confirme le président de GendXXI.

Inquiétude chez les policiers

L'autre tension après l'annonce de mercredi d'Emmanuel Macron est perceptible chez les policiers. Depuis quelques semaines, des discussions ont été engagées avec le ministère de l'Intérieur pour mettre en place ces fameuses 11 heures de repos dans les services de police, et notamment chez les CRS. Ils espèrent donc que le gouvernement ne reviendra pas en arrière. "Le ministère de l'Intérieur a l'obligation depuis février 2016 de faire respecter cette directive, il faut qu'il la fasse appliquer, c'est aussi simple que ça", tranche Philippe Capon, le secrétaire général d'Unsa-Police.

Actuellement, les hommes des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) obtiennent un jour de repos tous les sept jours et ont huit heures de repos entre chaque mission, sauf, comme les gendarmes, en cas de maintien de l'ordre. Malgré le discours du président de la République, "il est hors de question qu'il y ait des négociations", assure Philippe Capon qui estime que pour tous les événements prévus, les onze heures de repos doivent être respectées. "On ne peut pas avoir plus de 13 heures de travail, poursuit-il. Toutefois pour tout ce qui est imprévu, il faudra évidemment faire des dérogations." Alors que des réunions prévues prochainement entre la place Beauvau et les syndicats ont été maintenues, la directive européenne pourrait être appliquée dès le mois de janvier prochain.

Justine Chevalier