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Tariq Ramadan accusé de viol: les juges d'instruction annoncent la fin des investigations

Tariq Ramadan arrive au Palais de justice à Paris le 13 février 2020

Tariq Ramadan arrive au Palais de justice à Paris le 13 février 2020 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

L'islamologue suisse avait été mis en examen en 2018, soupçonné d'avoir violé cinq femmes. Les avocats des différentes parties disposent encore d'un délai pour réclamer de nouvelles demandes d'actes.

Les trois juges chargés d'instruire l'enquête pour "viols" visant Tariq Ramadan ont signifié, ce mardi, la fin de leurs investigations, a appris BFMTV de sources concordantes.

En janvier 2018, à la suite d'une plainte en 2017, le parquet de Paris avait décidé d'ouvrir une information judiciaire après plusieurs plaintes pour viols et violences volontaires à l'encontre de l'islamologue controversé.

Si les juges ont signifié la fin de leurs investigations, les avocats des différentes parties disposent encore d'un délai pour réclamer de nouvelles demandes d'actes. De son côté, le parquet de Paris va devoir prendre des réquisitions avant que les trois juges ne récupèrent le dossier et ne décident, au final, de renvoyer ou pas Tariq Ramadan devant une juridiction. Mis en examen pour viols, il pourrait être jugé par une cour d'assises.

Les juges d'instruction ont en parallèle rejeté lundi une demande de démise en examen de Tarik Ramadan datant de juillet dernier, "compte-tenu de l'imminence de l'avis de fin d'information et d'un examen global des éléments de preuve recueillis au cours de l'ensemble des investigations", selon les propos d'une source proche du dossier à nos confrères de l'AFP.

Ce que disent les expertises psy

En annonçant la fin de leurs investigations, les juges ont également communiqué le rapport d'expertise psychiatrique et psychologique réalisé par les psychiatres Vincent Mahé, Daniel Zagury et par le psychologue Bernard Phesans. Un document que BFMTV a pu consulter.

Selon eux, Tarik Ramadan semble notamment avoir des difficultés sexuelles de façon ancienne. En compensation, les rencontres sexuelles peuvent être marquées par la recherche d'un rapport dominant/dominé, une posture qui, toujours selon les experts, le protège d'une confrontation à l'angoisse.

Enfin, précise le rapport d'expertise, la violence manifestée lors des rencontres sexuelles pourrait s'inscrire dans le cadre de la pratique du "jeu sado-masochique", comme un mode de sexualité impliquant l'accord des deux protagonistes.

Relations "consenties" d'un côté, "emprise" de l'autre

Deux versions s'opposent dans ce dossier depuis une première plainte déposée à l'automne 2017. D'un côté, le ministère public et les plaignantes défendent la thèse d'une séduction virtuelle qui a débouché sur des rencontres dans des hôtels avec des relations sexuelles assorties de coups et de pénétrations non consenties.

Après ces rapports, les plaignantes auraient souvent continué à parler ou à voir Tariq Ramadan à cause de l'"emprise" qu'il aurait exercé sur elles, argument développé dans une expertise annulée pour des raisons de procédure mais qui vient tout juste d'être de nouveau versée au dossier avec des conclusions comparables à la première.

Tariq Ramadan soutient, lui, qu'il s'agissait de "relations de domination", rudes mais "consenties", après avoir dans un premier temps nié tout rapport. Pour ses avocats, si les plaignantes évoquent des viols, c'est à cause de "déceptions sentimentales ou sexuelles" ou d'un complot politique, dénoncé de longue date par leur client.

Vincent Vantighem, avec E.F. et AFP