Sabotages : qui sont ces jeunes de « l'ultra-gauche » ?

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10 personnes sont toujours en garde à vue dans les locaux de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur après l'enquête-éclair sur les sabotages à la SNCF. Comme c'est le cas dans les affaires de terrorisme, leur garde-à-vue peut être prolongée pendant 4 jours. Ces personnes ont été arrêtées à Rouen, à Paris, dans la Meuse mais aussi dans un petit village de Corrèze où le groupe était organisé en petite communauté libertaire. Pour l'instant rien n'a filtré des premières auditions.
La police anti-terroriste a pu les indentifier rapidement car elle les surveillait depuis plusieurs mois à la suite de diverses dégradations. Elle les soupçonne donc d'avoir déposé des fers à béton sur des caténaires à quatre endroits différents samedi dernier. Il s'agit de 6 femmes et 4 hommes, âgés de 23 à 34 ans. Ils font partie de ce qu'on appelle "l'ultra-gauche autonome".
« Ils pensent qu'il faut tout détruire »
Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'IRIS et spécialiste de ces mouvements, les décrit : « Ce sont des gens qui sont plutôt jeunes, voire très jeunes pour certains, et qui par ailleurs me paraissent ne pas avoir la maîtrise du corpus théorique gauchiste classique. La pauvreté idéologique des revues que j'ai pu lire me paraît être une grande différence avec la mouvance ultragauchiste des années 70. On sent tout de même que les références au gauchisme s'éloignent, on est beaucoup plus dans une optique spontanéiste. C'est un projet de révolte brute. Ils sont dans une optique de lutte sans compromis et considèrent qu'il faut tout détruire. Pour l'instant, ça passe par des attaques qui ne sont pas ciblées contre des individus mais contre des symboles de l'Etat. C'est les luttes contre les centres de rétention, contre l'univers carcéral, les heurts avec la police, et puis aussi les attaques du style de celles qui ont visé la SNCF. Les actions contre la SNCF ont été choisies car elles sont spectaculaires, il y a beaucoup de monde dans un TGV ».