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Police-Justice

Rixe à Sisco: le procès des cinq hommes reporté?

Le 13 août 2016, une violente rixe a éclaté entre des frères d'origine marocaine et des habitants du village de Sisco, en Corse.

Le 13 août 2016, une violente rixe a éclaté entre des frères d'origine marocaine et des habitants du village de Sisco, en Corse. - AFP

En raison d'une demande de dépaysement du procès de cinq hommes impliqués dans la violente bagarre qui a éclaté sur une plage de Sisco, en Corse, l'audience prévue ce jeudi pourrait ne pas avoir lieu.

C'est au terme d'une procédure administrative et judiciaire un peu complexe que le procès de la rixe de Sisco pourra ou non se tenir. Cinq hommes, trois frères issus d'une famille d'origine maghrébine mais vivant en Corse et deux habitants du village, sont censés être jugés ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bastia à partir de 15 heures. Or, les avocats des trois frères ont fait une demande de dépaysement du procès, autrement dit, ils réclament qu'il soit organisé dans une autre juridiction, loin de Bastia, donc.

Cette bagarre de Sisco avait marqué un mois d'août secoué par la polémique sur le burkini. Un temps évoquée, cette tenue vestimentaire n'est pourtant pas à l'origine de la violente rixe qui a éclaté le 13 août sur une plage de Sisco. L'enquête a permis de démontrer que les trois frères marocains étaient à l'origine des échauffourées en voulant "privatiser" l'endroit. S'en était suivi une violente rixe avec des habitants de la région.

Sécurité et sérénité

Dans ce climat toujours pas apaisé, les avocats des trois frères, Jamal, Mustafa et Abdelillah Benhaddou, âgés de 29, 33 et 38 ans, ont réclamé que le procès se déroule dans une autre juridiction, soucieux de la sécurité des prévenus mais également de la sérénité des débats. Cette requête va être étudié par le parquet général de Bastia, qui décidera ou non de la transmettre à la Cour de cassation, laquelle statuera sur le fond.

Le procureur général a dix jours pour se prononcer, mais selon nos informations, il pourrait se décider avant l'audience prévue à 15 heures ce jeudi. S'il ne le fait pas, le procès sera reporté à une date ultérieure, le temps que ce point soit tranché. La Cour de cassation, elle, disposerait de plusieurs semaines pour se prononcer sur un éventuel dépaysement, si elle venait à être saisie.

"Prétention des caïds"

Après l'altercation sur la plage de Sisco, une vive tension s'était installée sur l'île. Dès le lendemain, des incidents avaient éclaté aux cris de "Aux armes!" et "On est chez nous!", quelque 500 personnes défilant à Bastia, dans le quartier populaire de Lupino, où certains pensaient que les familles marocaines impliquées vivaient. Le maire de Sisco avait pris un arrêté anti-burkini, validé par le tribunal administratif de Bastia, s'opposant ainsi au Conseil constitutionnel.

La demande de dépaysement de la part des avocats des trois frères marocains intervient également alors que le parti indépendantiste Corsica Libera a appelé à un rassemblement, ce jeudi, en soutien aux deux habitants corses, Lucien Straboni, 50 ans et Pierre Baldi, 22 ans. Les participants veulent dénoncer ce qu'ils qualifient de "prétention grandissante des petits caïds de quartiers". 

J.C. avec Aurélie Casse