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Police-Justice

Procès des "tournantes" : les accusés nient en bloc

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Les présumés violeurs clament leur innocence et invoquent le consentement des deux jeunes femmes plaignantes.

Deux jeunes femmes font face depuis mardi, devant les Assises des mineurs du Val-de-Marne, à quatorze hommes accusés de les avoir régulièrement violées en groupe dans des cités de Fontenay-sous-Bois quand elles avaient 15 et 16 ans, entre 1999 et 2001.

Les accusés nient en bloc

Pour l'heure, les accusés nient toujours les faits, expliquant pour la plupart durant l'enquête que les plaignantes étaient consentantes. "On est innocent", murmure l'un d'eux à la pause de midi, visage dissimulé derrière un gilet en laine en sortant de la salle d'audience où les débats se tiennent à huis clos.

A l'exception d'un, détenu dans l'enquête sur le meurtre de sa compagne, ces désormais trentenaires comparaissent libres. Ils sont aujourd'hui dirigeants de petites entreprises, ambulancier, intérimaire, chauffeur-livreur, ou encore producteur de rap. Un quinzième est en fuite, vraisemblablement au Chili d'où il est originaire. Ils sont arrivés séparément au tribunal, se dissimulant.

La "justice", non la "vengeance"

Aujourd'hui âgées de 29 ans, les jeunes femmes abordent le procès avec "une attente de justice, pas un désir de vengeance", a souligné leur avocate, Me Clotilde Lepetit. Si elles ont tardé à porter plainte, c'est par peur de briser la loi du silence, selon elle.

Accompagnées par leurs mères, les deux femmes sont restées stoïques sur le banc des parties civiles en début d'audience, avant que le huis clos ne soit ordonné la plupart des protagonistes étant mineurs au moment des faits.

Nina a expliqué qu'elle avait 16 ans quand elle est violée une première fois au dernier étage d'une tour de la cité de la Redoute, par un garçon à peine plus âgé qu'elle, dans un maelström de rires, de violences et de menaces proférées par un groupe d'adolescents spectateurs. Elle déclarera aux enquêteurs avoir dès lors subi "quotidiennement" des actes similaires des mêmes individus, dans des caves, parkings, appartements... Elle se tait pourtant malgré l'inquiétude de sa mère. Jusqu'en 2005, quand elle croise un de ses violeurs présumés dans la rue. M.D., le seul détenu, la tabasse pour un regard de travers. Nina raconte alors tout aux policiers.

Le procès "de toute une classe d'âge" pour l'un des avocats

Au fil des investigations, les policiers mettent au jour les agissements passés d'une vingtaine d'adolescents, et découvrent surtout une autre victime présumée.

Avocat de deux accusés, Me Amar Bouaou prévient que ses clients sont "déterminés à montrer leur innocence". Mais au fil des audiences, ils pourraient bien, comme pendant l'enquête, ne pas présenter un front uni et tenter de se rejeter la faute les uns sur les autres.