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Police-Justice

Prêtres pédophiles: une association a recueilli 400 témoignages de victimes

Les témoignages de victimes présumées de prêtres pédophiles affluent. (Photo d'illustration)

Les témoignages de victimes présumées de prêtres pédophiles affluent. (Photo d'illustration) - FRANCOIS GUILLOT / AFP

Une association de victimes de pédophilie dans l'Eglise, basée à Lyon, a reçu un afflux massif de témoignages d'autres victimes présumées, à travers toute la France. Certaines s'expriment pour la première fois, plusieurs décennies après les faits.

Le scandale de pédophilie qui secoue le diocèse de Lyon a-t-il "libéré la parole"? L'association fondée par trois anciennes victimes du père Bernard Preynat, La Parole Libérée, affirme avoir recueilli, depuis novembre 2015, 400 témoignages de personnes qui se disent victimes de prêtres pédophiles en France, selon les informations de France Info.

Pour l'heure, ces témoignages n'ont pas été vérifiés, ni même instruits par une enquête. Mais de par son ampleur, cet afflux de récits est plus que troublant. Certaines victimes témoignent pour la première fois, parfois plusieurs décennies après les faits.

"On a eu le cas d’un monsieur qui nous a écrit, il a 93 ans et il nous explique qu’il a été victime d’agressions sexuelles dans son enfance et que ça l’a hanté toute sa vie, que sa femme est décédée et qu’elle ne l’a jamais su", explique François Devaux, cofondateur de La Parole Libérée, basée à Lyon, au micro de nos confrères.

Des décennies de tabou

Pourquoi avoir laissé tant de temps s'écouler avant de dénoncer de tels faits? Pendant des décennies, la priorité de l'Eglise était de tout faire pour éviter le scandale. Monseigneur Michel Guyard, ancien vicaire général du diocèse de Paris, le reconnaît auprès de France Info:

"A l’époque, quand un prêtre avait des difficultés de quelque ordre que ce soit, quand ça risquait de porter atteinte à la vie du diocèse, un évêque le proposait dans un autre diocèse où le prêtre n’était pas connu pour essayer d’étouffer les affaires et lui permettre de continuer à vivre tranquillement".

Des pratiques qui n'étaient pas, il faut le préciser, l'apanage de l'Eglise catholique. C'est toute la société qui considérait, à l'époque, que les affaires d'inceste ou de pédophilie étaient secondaires: école, police, gendarmerie et même au sein de nombreuses familles. Le tabou est-il enfin en train d'être levé?

C. P.