BFMTV
Police-Justice

Prêtre soupçonné de viols : un village sous le choc

Eglise Notre-Dame des Mottes à Bollezeele

Eglise Notre-Dame des Mottes à Bollezeele - -

Un prêtre de 68 ans, Philippe Détré, est soupçonné d'avoir abusé sexuellement de jeunes garçons de 10 à 17 ans dans des paroisses de la métropole lilloise et de Dunkerque entre 1976 et 2007. « On tombe de haut », expliquent les habitants de Bollezeele où exerçait ce prêtre.

L'église touchée par un nouveau scandale : un prêtre du Nord est en détention pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Treize victimes ont pour l'heure été identifiées. Il s'agit de garçons âgés de 10 à 17 ans dont il avait la charge dans le cadre de ses activités à son domicile ou lors de camps de vacances. « Il est possible qu'il y en ait d'autres », a indiqué le procureur.
Le prêtre a été mis en examen la semaine dernière à Lille pour viols et agressions sexuelles sur mineurs et placé en détention provisoire. Lors de sa garde à vue, l'abbé a reconnu les faits, demandant « pardon » aux mineurs et à leurs familles. Il a par ailleurs donné plusieurs noms de victimes aux gendarmes.

Dénoncé par lettre anonyme

C'est par une lettre anonyme, reçue par l'archevêque de Lille en mars 2011, que les faits ont été dénoncés. Le diocèse de Lille a alors immédiatement avisé le procureur de Lille. L'enquête a été menée par la brigade de gendarmerie de Dunkerque. De manière concomitante, une autre victime avait déposé plainte dans le sud de la France.
Les faits qui sont reprochés à l’homme d’église sont passibles de vingt ans de réclusion criminelle.

« Il était bien avec tous les paroissiens »

Ce prêtre soupçonné de pédophilie exerçait depuis quelques années dans plusieurs villages ruraux, notamment à Bollezeele. Et là-bas, les paroissiens sont sous le choc. Dans ce petit village de 1400 habitants, Philippe Détré est connu de tous. Aujourd’hui, c’est l’incompréhension, le choc. « On tombe de haut », confie une habitante, « il était bien avec tous ses paroissiens » poursuit un autre.
En effet, c’est lui qui, depuis 2005, marie les couples du village et baptise les enfants, comme ceux de Sonia par exemple : « Je suis très surprise. Il n’y a jamais eu de gestes déplacés, jamais une parole qui aurait pu faire croire que… ». Et certains cherchent malgré tout à le défendre. « Je ne le crois pas. Ce n’est pas possible, il était trop gentil avec les gens. C’est un homme formidable quoi », confie une paroissienne. Une émotion que partage Marie-Jospeh Dubreucq, maire de Bollezeele : « Un curé a une place particulière dans une commune. Ce sont les paroissiens qui doivent se sentir trahis ». Aujourd’hui, 13 victimes sont identifiées… D’autres pourraient encore se manifester.

« Quand j’ai annoncé cela, j’ai vu des gens qui pleuraient »

André Pollaert est prêtre. C'est lui qui a remplacé l'abbé mis en cause. C'est également lui qui a annoncé la nouvelle aux fidèles. « Je leur ai dit que j’avais une nouvelle triste à annoncer, que leur curé était absent car il est en prison. J’ai simplement dit ce que je savais, qu’il est l’objet de plaintes déposées contre lui. Quand j’ai annoncé cela, j’ai vu des gens qui pleuraient, il y avait une émotion considérable. Dans nos villages, les gens ont une confiance spontanée au prêtre ».

La Rédaction avec Lionel Top