Policier portant une cagoule tête de mort à Toulouse: une enquête administrative ouverte

A Toulouse, 2000 gilets jaunes dont 800 casseurs ont manifesté samedi 5 janvier. - Pascal Pavani - AFP
Simple manière de se protéger ou provocation? La cagoule blanche avec une tête de mort portée par un policier lors de la manifestation des gilets jaunes, samedi 5 janvier à Toulouse, pose question. Le masque a suscité l’effarement chez les gilets jaunes présents à la manifestation et l’ire des internautes, qui ont abondamment partagé la photo polémique sur les réseaux sociaux.
Autorisé à porter une cagoule
Pourtant, les policiers sont autorisés à masquer leur visage pour des questions de sécurité dans quatre cas de figure, selon Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative police: en cas de lutte contre le terrorisme, dans les enquêtes de voisinage où le policier pourrait également demeurer, dans le cas d’une assistance aux services de la BRI et du Raid et enfin, en cas de manifestations violentes.
"En l’occurrence, ce policier en civil pouvait porter une cagoule compte tenu du contexte tendu qui règne ces derniers temps lors des manifestations de gilets jaunes", explique Denis Jacob à BFMTV.com.
Le problème réside donc dans le choix de son équipement, jugé "inapproprié et inadmissible" par la préfecture de Haute-Garonne. Lundi soir, elle a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête administrative par la Direction départementale de la sécurité publique, "afin d’identifier précisément l'agent en cause et l'entendre sur les conditions qui l'ont amené à s'équiper de ce type de cagoule".
"Maladroit et idiot"
"Le symbole de la tête de mort, c’est maladroit et idiot", concède Denis Jacob. Pour autant, le représentant syndical n’y voit pas de défiance ni de provocation. "Il a dû prendre une protection qu’il avait sous la main pour se protéger. Le manque d’équipement est un réel problème au sein de l’administration", condamne-t-il. Denis Jacob rappelle d’ailleurs que lors d’une précédente manifestation de gilets jaunes, là encore à Toulouse, un policier avait été contraint de prendre sa propre moto et un équipement "payé sur ses deniers personnels".
Le comportement du policier à la cagoule tête de mort, "même s'il ne reflète pas l'ensemble du corps de métier, est complètement stupide et contraire aux principes qui devraient présider aux forces de l'ordre. Il reflète aussi une hiérarchie policière qui a du mal à contrôler ses hommes sur le terrain", fustige Jean-François Mignard, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme.
Mais d'après lui, "ce qui est le plus inquiétant", est le fait que ce policier semble s'être accoutré de la sorte "comme s'il participait à un jeu alors qu'il porte une arme. Les policiers ne sont pas là pour faire la guerre aux manifestants, mais pour les protéger", tance-t-il.
Affaire similaire au Mali
"Une décision sur les suites administratives qui lui seront réservées sera prise à l'issue" de l'enquête ouverte lundi, ont fait savoir les services de l'État. Le policier risque un avertissement ou un blâme, précise Denis Jacob à BFMTV.com, et souligne qu’"aucune faute grave n’a néanmoins été commise. On est dans un contexte particulièrement sensible où le moindre faux-pas prête à polémique".
En 2013, un Polonais résidant en Suède avait été pris en photo portant au visage un foulard représentant une tête de mort lors de l'intervention militaire française contre les groupes islamistes armés au Mali. Le cliché avait déclenché la fureur de l'armée française, mais selon l'Etat-major des armées, l'ancien légionnaire avait été exclu de l'armée pour ‘désertion’, et non pour cet incident.