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Plus de 9.000 agressions contre des gendarmes recensées en 2024, un chiffre qui n'avait jamais été aussi haut

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En neuf ans, les violences commises à l'encontre des gendarmes ont augmenté de 55% atteignant ainsi leur plus haut niveau en 2024. Dans près d’un quart d'entre elles, l'agresseur détient une arme à feu.

Jamais ce chiffre n'avait été aussi élevé. Selon un rapport de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale, 9.475 agressions (verbales ou physiques) commises à l'encontre des gendarmes ont été recensées en 2024. Plus de la moitié d’entre elles ont été commises avec une arme et près d’un quart avec des armes à feu, un phénomène en forte hausse.

Depuis 2015, ces violences ont bondi de 55%, atteignant ainsi leur plus haut niveau en 2024 - un constat alarmant, que Cédric (prénom modifié, ndlr) dit subir sur le terrain. "J'ai pu connaître quatre agressions ces trois dernières années alors que ça ne m'était jamais arrivé jusqu'alors", raconte ce gendarme à BFMTV.

"C'est un traumatisme parce que quand on est gendarme, on n'imagine pas qu'on soit à notre tour victime de violence puisqu'on est là pour rendre service aux gens", poursuit-il.

Les violences commises envers les gendarmes peuvent revêtir plusieurs formes, verbales ou physiques, mais se manifestent principalement dans l'exercice de leur fonction.

"Là où avant on essuyait des injures, de la défiance... Finalement j'ai subi des violences physiques (...). Aujourd'hui, on n'est pas tout à fait certain de rester chez soi entier, indemne", témoigne Cédric, affirmant avoir été "percuté par un véhicule" lors d'un refus d'obtempérer.

4.209 signalements visant des gendarmes

Selon le même rapport de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale, 4.209 signalements et réclamations en provenance de particuliers s’estimant "victimes ou témoins" du comportement d’un personnel de la Gendarmerie nationale jugé contraire à la déontologie ont été réalisés auprès de l'IGGN en 2024. Parmi ces signalements, 91 % n’ont pas révélé de comportements contraires à la déontologie, souligne le rapport.

Dans le même temps, 255 signalements internes ont été réalisés auprès de l'IGGN par des personnels de la gendarmerie. "La très grande majorité des faits signalés se sont révélés non avérés", précise l’Inspection générale de la gendarmerie nationale.

Dans son rapport, la direction évoque également l'usage des armes à feu par les militaires de la gendarmerie dans le cadre de leurs oéprations. En 2024, 22 personnes sont décédées à la suite d’une action directe ou indirecte de la gendarmerie, dont 12 à la suite d’un usage des armes en intervention.

Selon la gendarmerie nationale, ces chiffres sont à mettre en perspective avec les tensions importantes survenues lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie, en mai 2024. Des heurts - ayant fait au moins quatre morts, dont un gendarme -, avaient éclaté en marge des manifestations contre la réforme du corps électoral local, très contestée par les indépendantistes kanaks.

L’Inspection générale de la gendarmerie nationale rappelle que chaque usage des armes "fait l’objet d’une enquête judiciaire, sous la direction d’un magistrat, pour vérifier la conformité des actions aux principes de stricte proportionnalité et d’absolue nécessité".

En France, 141.000 personnels civils et militaires (actifs et réservistes confondus) comptent parmi la gendarmerie nationale.

Boris Kharlamoff avec Orlane Edouard