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Police-Justice

Nouvelles accusations de surveillance policière de la presse

Des parlementaires ont auditionné Bernard Squarcini (à gauche), patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, sur fond de soupçons sur la mise en place par le pouvoir d'

Des parlementaires ont auditionné Bernard Squarcini (à gauche), patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, sur fond de soupçons sur la mise en place par le pouvoir d' - -

PARIS (Reuters) - Les soupçons sur la mise en place par le pouvoir d'une surveillance policière de la presse ont amené jeudi l'audition de deux...

PARIS (Reuters) - Les soupçons sur la mise en place par le pouvoir d'une surveillance policière de la presse ont amené jeudi l'audition de deux chefs de la police à l'Assemblée et de nouvelles accusations du site Mediapart.

Des parlementaires ont auditionné Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale. Rien n'a filtré de leur audition, un élu de la majorité invoquant le "secret-défense".

L'opposition avait demandé mercredi à pouvoir interroger le patron des services de renseignement après un article du Canard enchaîné, selon lequel Nicolas Sarkozy a demandé à Bernard Squarcini de créer une cellule spéciale pour surveiller les journalistes travaillant sur les "affaires".

Il s'agirait notamment d'identifier les sources des reporters dans l'affaire visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et dans l'enquête sur l'attentat anti-français de Karachi en 2002, derrière lequel se profile une affaire de corruption susceptible de concerner Nicolas Sarkozy.

Bernard Squarcini et Frédéric Péchenard ont été entendus par la Délégation parlementaire du renseignement, a dit à Reuters son président, l'UMP Jean-Luc Warsmann.

"La réunion a duré plus de deux heures mais je ne peux vous en dire plus, les travaux étant couverts par le secret de la défense nationale", a-t-il dit.

La Délégation parlementaire du renseignement, composée de quatre députés et quatre sénateurs et des présidents des commissions de la sécurité et de la défense, a pour mission de suivre l'activité et les moyens des services de renseignement.

MEDIAPART PORTE DE NOUVELLES ACCUSATIONS

Le site internet d'information Mediapart, cible supposée des surveillances, écrit que ses journalistes Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi ont fait l'objet en mars et avril d'opérations d'espionnage destinées à retracer leurs déplacements.

Ces deux reporters ont écrit un livre sur l'affaire de l'attentat de Karachi, détaillant notamment l'implication possible de Nicolas Sarkozy dans l'affaire de corruption de 1995 en toile de fond.

Mediapart dit avoir des sources, qu'il ne nomme pas, qui affirment que les services de renseignement ont eu accès au relevé détaillé de communications téléphoniques des reporters. Il a été évoqué aussi une localisation des trajets des journalistes au moyen de leur téléphone portable.

Edwy Plenel, directeur de Mediapart, écrit sur le site: "On nous affirme que cette inquisition d'Etat est impulsée et coordonnée par le secrétaire général de l'Elysée lui-même, Claude Guéant". Il demande une enquête parlementaire.

Dans un entretien publié jeudi par Libération, Bernard Squarcini conteste les accusations, que l'Elysée a qualifiées de "complètement farfelues" mercredi.

Le directeur du Canard enchaîné, Claude Angeli, spécialiste du renseignement, a cependant maintenu dans plusieurs médias ses accusations, assurant qu'il ne les avait pas avancées à la légère.

Le parquet de Paris dirige actuellement trois enquêtes séparées sur trois vols commis dans des médias ou chez des journalistes travaillant sur l'affaire Bettencourt, ces trois dernières semaines. Il n'est pas question pour l'instant de réunir les procédures, le parquet ne voyant aucun lien.

La DCRI a admis avoir enquêté l'été dernier pour identifier comme source du Monde concernant l'affaire Bettencourt un magistrat en poste au ministère de la Justice, David Sénat, qui a été limogé. La DCRI refuse de transmettre son enquête au parquet en invoquant le secret-défense.

Par ailleurs, le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine), Philippe Courroye, a fait examiner par la police les relevés de communications téléphoniques de deux journalistes du Monde pour porter une accusation de violation du secret de l'enquête contre Isabelle Prévost-Desprez, présidente du tribunal correctionnel de la ville.

Thierry Lévêque, Emile Picy et Laure Bretton, édité par Clément Guillou