Nord: un adolescent devant les juges, il a tué pour "voir ce que ça faisait"

Photo d'illustration - AFP
Il voulait tuer pour "voir ce que ça faisait". Un adolescent de 16 ans condamné ce jeudi à 15 ans de réclusion criminelle par le tribunal pour enfants de Cambrai, dans le Nord.
"Le tribunal pour enfants a déclaré coupable l'intéressé des faits qui lui étaient reprochés" et "l'a condamné à 15 ans de réclusion criminelle ainsi qu'à 15 ans de suivi socio-judiciaire", a affirmé à l'AFP le procureur de Cambrai, Rémi Schwartz.
Le procureur avait requis une peine de 18 années de réclusion criminelle ainsi que 15 ans de suivi socio-judiciaire. L'adolescent comparaissait pour le meurtre d'une femme de 57 ans, Ginette Alvarez, mère de deux enfants, en 2017. Le corps de la victime avait été retrouvé le 19 octobre, lardé de plusieurs coups de couteau, sur un sentier à proximité de la ville de Caudry.
Un adolescent "très calculateur"
Interpellé six mois après le meurtre, le jeune homme avait reconnu les faits dès son placement en garde à vue. Lors du procès qui s'est ouvert mardi, il s'est révélé "très calculateur. Il précise par exemple qu'il voulait tuer étant mineur pour écoper d'une peine moins lourde. Il ajoute qu'il suit des activités en détention mais pour obtenir des crédits de réduction de peine", selon les propos de l'avocat des deux enfants de la victime rapportés par Le Parisien.
Face aux juges, l'accusé n'a fait preuve "d'aucune empathie à l'égard des parties civiles", ajoute le conseil qui note le cynisme avec lequel s'exprime l'adolescent. L'avocate de la défense assure néanmoins que l'audience lui a permis "d'humaniser sa victime (...) Il a pu en quelque sorte la personnaliser".
Guet-apens
Fasciné par les sites morbides, il a évolué dans une atmosphère marquée par des vidéos extrêmement violentes. Il avait d'ailleurs expliqué aux enquêteurs que le jour de l'assassinat, il s'était levé avec l'intention de tuer quelqu'un, "pour voir ce que ça faisait". C'est cette mère de famille, choisie par hasard, qui lui a servi de "cobaye", commente Me Charles-Emmanuel Herbière.
Et d'ajouter: "Il a tendu un guet-apens: il a attendu qu’une femme seule passe devant lui, de dos. C’était Ginette Alvarez". Mardi, pour la première journée d'audience tenue à huis-clos, les juges se sont concentrés sur la personnalité de l'accusé. Son avocate, Sandrine Bleux-Laborie a souligné sa "vie familiale chaotique" avec une mère absente et un père trop laxiste.
"Carences éducatives et affectives"
"C’était un adolescent très solitaire, détaille Me Bleux-Laborie. Il n’avait aucun ami et n’était pas bien entouré. Compte tenu de ces carences éducatives et affectives, il s’est construit sur du vide. Et du vide, il ne sort en général pas grand-chose".
Les experts psychiatriques ont mis l'accent sur son profil "très inquiétant" et pointé des "risques de récidive".