Michel Fourniret: les sœurs de Lydie Logé, dernière victime présumée du tueur, lancent un appel à témoins

"On cherche à savoir comment ça s’est passé, on veut retrouver notre sœur". Sophie et Virginie Logé, les soeurs de Lydie Logé, disparue le 18 décembre 1993 à l'âge de 29 ans à Argentan (Orne), ont lancé un appel à témoin sur RTL ce mercredi matin, pour tenter de savoir ce qui est arrivé à la jeune femme, victime présumée de Michel Fourniret.
En janvier 2021, après la découverte de traces d'ADN appartenant à la jeune femme dans l'un des véhicles de Michel Fourniret, Lydie Logé est devenue la douzième victime présumée du tueur en série. L'homme avait alors été mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort".
Condamné à la perpétuité incompressible pour huit meurtres et assassinats entre 1987 et 2001 quand il était encore vivant, Michel Fourniret a été mis en examen avant son décès pour trois autres, dont celui d’Estelle Mouzin. L'homme est mort en mai 2021.
"Un détail"
"Il y a des gens qui ont vu ou qui ont entendu, qu’ils n’aient pas peur de parler, il n’y aura pas de représailles, même un petit détail de rien du tout ça peut nous guider", ont-elles déclaré à la radio. Si elles sont conscientes de ne pas retrouver leur soeur "vivante", les deux femmes ont "besoin de savoir".
Les soeurs écartent l'hypothèse d'un départ volontaire, Lydie Logé étant maman d'un petit garçon de sept ans à l'époque. Le père de son fils, dont elle était séparée, avait été entendu en garde à vue le lendemain des faits, mais rapidement remis en liberté.
Au micro de RTL, les deux femmes ont également évoqué les deux véhicules du couple Fourniret, un C15 blanc et une 405 familiale couleur sable.
"Michel Fourniret et Monique Olivier étaient assez forts pour créer des liens, nouer des relations dans les lieux où ils passaient, en vue de leurs crimes futurs", a complété leur avocate, Corinne Herrmann.
Cette dernière est persuadée que le couple était présent dans les environs d’Argentan à cette époque. "Ils partaient de Belgique pour se rendre à Nantes plusieurs fois par an, pour voir le père de Monique, ils allaient à Quimper également ; ils pouvaient prendre des routes très improbables, car Fourniret aimait bien les petites routes ; justement parce qu’il pouvait rencontrer des victimes, aussi bien des adolescentes que des jeunes femmes d’ailleurs: le trajet passait forcément par là". Ce qu'attendent les deux soeurs de Lydie Logé, c'est un élément, qui pourrait lancer une piste.
"Fourniret a dû laisser son corps quelque part, quelqu’un a peut-être vu quelque chose, une camionnette… un détail", a ajouté Virginie Logé.
"Je ne vois personne d’autres que moi"
Ces potentiels témoignages pourraient relancer l'enquête et orienter les recherches pour tenter de retrouver le corps de Lydie Logé.
"On n’oubliera jamais, on ne laissera jamais tomber", ont ajouté ses soeurs.
Si Corinne Herrmann estime que Michel Fourniret pourrait être responsable de la disparition de Lydie Logé, c'est aussi en raison d'aveux partiels en garde à vue. A propos de la jeune femme, il aurait évoqué un visage "qui ne lui est pas inconnu", avant de mimer un geste d'étranglement et de déclarer : "Je ne vois personne d’autres que moi" pour avoir mis fin à la vie de Lydie Logé.
"Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce qu’il a dit peut paraître fragile. Mais quand on connaît Michel Fourniret, ce qu’il a dit en garde à vue est sans appel, quand il nous parle de cette façon-là, il sait déjà de qui dont il parle, il attend juste qu’on aille plus loin", a ajouté Corine Herrmann.
Il reste quand même quelques zones d'ombres. D'abord, celle de la voiture où l'ADN de Lydie Logé a été retrouvé. La jeune femme a disparu en 1993, mais le véhicule n'a été acheté par Michel Fourniret qu'en 1996.
"Il gardait tout, il a dû transférer le tapis et les coussins de son ancienne camionnette dans son fourgon. Absolument rien d’autre ne permet d’expliquer la présence de cet ADN à cet endroit", a estimé l'avocate.
D'autre part, une facture du tueur en série, en date 18 décembre 1993, le jour de la disparition de Lydie Logé, le place en Belgique. Mais il a pu parcourir cette distance dans la journée, selon l'avocate.
"C’est vraiment un cri de désespoir de la famille, c’est un appel au secours de la famille", si vous avez vu quelque chose, parlez", a conclu Corinne Herrmann.
D'autant que, si Michel Fourniret est décédé, Monique Olivier, son ex-femme, est toujours poursuivie cette affaire.