Mexique: assassinat d'un journaliste et nouveau record d'homicides

Une marche en hommage au journaliste mexicain Javier Valdez, le 15 mai 2018 à Culiacan, un an après son assassinat (photo d'illustration) - rashide frias, AFP/Archives
Rafael Murua, 34 ans, dirigeait une radio communautaire. Il a été assassiné dans l'Etat de Basse-Californie du Sud, dans le nord-ouest du Mexique, selon les autorités. C'est le premier journaliste tué dans ce pays en 2019.
Rafael Murua avait disparu dimanche, à la mi-journée. Le quotidien El Universal rapporte qu'il avait récemment fait état de harcèlement et de menaces.
La représentante de Reporters sans frontières (RSF) au Mexique a par ailleurs précisé que Rafael Murua bénéficiait du programme gouvernemental de protection des journalistes et des defenseurs des droits de l'Homme "depuis juin 2017 après des menaces du maire de sa ville". "Il avait seulement avec lui un bouton de panique", a-t-elle ajouté. Par contre, il n'avait pas de gardes du corps.
Deuxième pays le plus dangereux pour la presse
"Le lâche assassinat de Rafael Murua ne restera pas impuni. J'ai demandé au parquet d'explorer toutes les pistes pour faire la lumière sur cet événement déplorable", a écrit sur Twitter le gouverneur de l'Etat, Carlos Mendoza.
L'ONG de défense de la liberté d'expression, Articulo 19, a également déploré cet assassinat.
Selon RSF, le Mexique est le deuxième pays le plus dangereux pour la presse, après la Syrie, avec plus de 100 journalistes tués depuis 2000. En 2018, dix journalistes ont été assassinés dans différentes régions du pays. La grande majorité de ces assassinats restent impunis.
Explosion des violences liées au narcotrafic au paradis
La Basse-Californie du Sud abrite notamment la station balnéaire de Los Cabos, très appréciée des touristes nord-américains.
Depuis quelques années, cette région, jusqu'alors calme, est le théâtre de violences inédites. Des groupes criminels s'y affrontent pour le contrôle des routes de la drogue. Alors qu'en 2015, cet État a enregistré un taux de 19,77 homicides pour 100.000 habitants, en 2017, le chiffre a bondi à 75,32.

Plusieurs journalistes ont dû venir se réfugier dans la capitale mexicaine après avoir subi des agressions dans l'exercice de leurs fonctions. Comme Rafael Murua, "ils ont été pris en main par le mécanisme (de protection des journalistes)", indique le journaliste mexicain José Reveles, spécialiste du narcotrafic.
Le phénomène touche d'autres régions jusqu'alors épargnées par les violences, comme l'État de Colima (ouest), sur la côte Pacifique.
Nouveau record d'homicides au niveau national
Au niveau national, le Mexique a enregistré 33.341 homicides en 2018, soit le nombre le plus élevé depuis le début des statistiques en 1997, ont annoncé lundi les autorités. L'année 2017 avait déjà connu un record avec 28.866 homicides.
Le nombre de meurtres dans le pays a considérablement augmenté depuis la fin de l'année 2006, lorsque le gouvernement du président Felipe Calderon (2006-2012) a lancé une offensive militaire controversée contre le crime organisé. Au cours du mandat de son successeur, Enrique Pena Nieto (2012-2018), ces crimes n'ont cessé d'augmenter.
En décembre, lors du premier mois de mandat du nouveau président de gauche, Andrés Manuel López Obrador, 2.842 homicides ont été enregistrés, soit une hausse de près de 10% par rapport à décembre 2017.