BFMTV
Police-Justice

Meurtre de Sarah Halimi: l'affaire en cinq dates

"J'ai tué le sheitan", aurait hurlé le jeune homme après le meurtre.

"J'ai tué le sheitan", aurait hurlé le jeune homme après le meurtre. - Capture d'écran LCI

En avril, la sexagénaire de confession juive a été battue et défenestrée par l'un de ses voisins, un musulman d'origine malienne. Parties civiles et associations livrent depuis un combat acharné pour que soit reconnu le caractère antisémite de son meurtre. Retour sur la chronologie des faits.

4 avril 2017: Sarah Halimi meurt défenestrée à son domicile parisien

Dans la nuit du 4 avril, Kobili Traoré, un musulman d'origine malienne de 27 ans, s'introduit au domicile de ses amis et voisins, au troisième étage d'un appartement du quartier de Belleville, dans le 11e arrondissement de Paris. En passant par le balcon, il fait irruption chez sa voisine du dessus, une sexagénaire de confession juive, Sarah Halimi, qui est endormie.

Durant de longues minutes, il lui assène des coups d'une rare violence, aux cris d'Allah Akbar entrecoupés d'insultes et de versets du Coran. D'après le dossier, auquel a eu accès ce mardi Le Figaro, des voisins l'entendent également asséner "Ca va être la mort" à plusieurs reprises. "Ensuite je ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai soulevée et jetée par la fenêtre", décrit Kobili Traoré à la juge.

  • La femme de 65 ans s'écrase dans la cour de son immeuble et rend son dernier souffle sous les yeux des policiers. Appelés par une voisine de longues minutes auparavant, ils attendaient du renfort pour intervenir. 

Le meurtrier présumé est placé en garde à vue. Les analyses toxicologiques révèlent la présence de cannabis dans son sang. Son état psychiatrique étant jugé incompatible avec la garde à vue, il est interné. Le deuxième district de la police judiciaire de Paris se saisit de l'enquête. 

10 juillet: devant le juge, l'auteur présumé reconnaît les faits mais nie toute motivation antisémite

Entendu pour la première fois par la juge d'instruction à l'hôpital psychiatrique, Kobili Traoré reconnaît avoir battu -"avec le téléphone" puis "avec le poing"- puis défenestré Sarah Halimi. Toutefois, il réfute la motivation antisémite de son geste. 

"Je ne suis pas antisémite", "je n'ai jamais eu de problèmes avec des juifs auparavant", explique-t-il. Il admet toutefois qu'il connaissait la religion de sa victime, en raison de "sa façon de s'habiller" et car ses enfants, "quand ils venaient, ils avaient la kippa".

"Je me sentais comme possédé", "oppressé par une force extérieure, une force démoniaque", avance-t-il pour expliquer son geste. Pris de "bouffées d'angoisse" depuis la veille, il affirme également avoir fumé plus d'une dizaine de joints ce jour-là. "Ca aurait pu tomber sur n'importe qui", avance-t-il encore.

13 juillet: le meurtrier est mis en examen sans que le caractère antisémite soit retenu

Le 13 juillet, Kobili Traoré est mis en examen pour "homicide volontaire" et "séquestration" de ses voisins. Malgré plusieurs témoignages qui disent l'avoir entendu hurler "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe) avant le meurtre, la qualification antisémite, circonstance aggravante, n'est pas retenue.

Placé sous mandat de dépôt, le meurtrier présumé reste hospitalisé. Une expertise psychiatrique attendue fin août devra déterminer s'il est pénalement responsable de ses actes.

16 juillet: Emmanuel Macron demande que la justice fasse "toute la clarté" sur l'affaire

Dimanche 16 juillet, lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, le président de la République Emmanuel Macron, qui dressait la liste des victimes de l'antisémitisme des dernières années en France, a cité le meurtre de Sarah Halimi. Il a insisté sur le fait que la justice devait "faire toute la clarté" sur l'affaire "malgré les dénégations" de l'auteur présumé.

18 juillet: la famille de Sarah Halimi dénonce un "déni de justice"

Les avocats des enfants de Sarah Halimi ont dénoncé ce mardi un "déni de justice". "Le caractère antisémite, c'est l'évidence (...). Et j'ai le sentiment qu'on peut parler de déni de justice", s'est indigné Maître Jean-Alex Buchinger en conférence de presse. 

"Depuis le début, on cherche à banaliser cette affaire, à en faire un simple fait divers (...) Si Madame Halimi n’était pas juive, elle serait encore vivante", a-t-il encore estimé. 

Claire Rodineau