Meurtre d'Iris: le suivi des agresseurs sexuels est-il insuffisant en France?

Quelles leçons tirer du meurtre d'Iris C.? Ce lundi, le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberg, a révélé que des lésions sexuelles traumatiques ont été découvertes sur le corps de la victime lors de l'autopsie. Dans cette même conférence de presse, il a détaillé le profil du principal suspect. Un homme de 49 ans déjà condamné pour un viol commis en 2001.
Il n'a été confondu pour ces faits qu'en 2012, puis condamné à 9 ans de prison en 2015. Après trois années derrière les barreaux, il a été libéré en 2018 et maintenu sous suivi judiciaire pour cinq ans. Ce suivi devait s'arrêter cet été. Selon les experts qui l'ont accompagné, il ne représentait aucun risque de récidive. L'homme se serait rangé après avoir trouvé un emploi, s'être marié et avoir eu un enfant. De quoi poser la question d'une possible sous-évaluation des risques?
Pour Arnaud Gallais, cofondateur des collectifs "Be Brave France" (BBF) et "Prévenir et protéger", la situation se résume en une série d'erreurs. "Évidement, il y a un manque de suivi", a-t-il mis en avant à l'antenne de BFMTV. Mais à ses yeux, il y a aussi un "manque de condamnation des auteurs".
"Le risque majeur avec une personnalité comme celle-ci, c'est celle de la société de l'impunité. 73% des plaintes sont classées sans suite, avec ces personnes, il y a donc un risque de récidive important", analyse le cofondateur de BBF.
À ses yeux, lorsqu'il y a une condamnation, le problème vient ensuite de l'accompagnement. Toute la chaîne serait concernée, du suivi lors de l'incarcération jusqu'au retour à la vie civile.
Crise de moyens?
S'agirait-il aussi d'un problème de laxisme de la justice? Également présent sur notre plateau, l'avocat pénaliste Hector Lajouanie a assuré qu'il n'y a "aucun laxisme de la justice en matière de violences sexuelles" en France. À ses yeux, dans le cas précis du meurtrier présumé d'Iris, il n'y avait pas de raison de se douter qu'il allait réitérer:
"Tous les voyants étaient au vert"
"On ne peut pas mettre un policier devant la porte de chaque personne qui a été condamnée pour infraction sexuelle. Nous avons des gens qui ont été condamnés pour ces agressions et qui ne récidivent pas. Et il y a aussi des gens qui, malheureusement, récidivent", a rappelé l'avocat versaillais.
D'autant que l'obligation de soins n'est pas automatique dans le suivi socio-judiciaire. Cette mesure est mise en place par le juge de l'application des peines en fonction du profil.
Les deux experts s'accordent cependant sur un problème de financements, car la manière d'accompagner efficacement les auteurs est bel et bien connue. "Il y a des moyens qui ont été mis en place, je parle notamment de la maison d'arrêt de Fresnes qui a une unité spécialement pour les délinquants sexuels. Sauf qu'il n'y a que douze places, ils font un travail formidable. Cela lutte considérablement contre la récidive, mais il n'y a que 12 places", a appuyé Hector Lajouanie.
Reste à savoir si le cas d'Iris C. entraînera une augmentation des moyens pour éviter que cette situation ne se reproduise.