Menace terroriste : a-t-on tort d'en parler ?

© Reuters/ Selon Brice Hortefeux, « la menace est réelle, notre vigilance est renforcée ». A-t-il raison d'en parler ? - -
Le parquet de Paris a néanmoins ouvert une enquête préliminaire pour « vérifier la crédibilité » du renseignement sur la foi duquel le gouvernement a appelé lundi « à la vigilance ». Selon lui, une femme est soupçonnée de vouloir mener un attentat kamikaze à Paris, dans les transports en commun.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris fait l'objet, depuis jeudi, d'une protection rapprochée du Service de protection des hautes personnalités, pour une durée (et un motif) indéterminés.
Pour leur part, plusieurs responsables de partis politiques, dont François Hollande, souhaitent une rencontre avec le ministre de l'Intérieur pour obtenir des précisions sur la réalité et la gravité de ces menaces.
Pour certains, évoquer ainsi le risque terroriste crée une psychose inutile. Pour d'autres, il serait irresponsable de ne pas mobiliser les français si le risque est bien réel. Alors Brice Hortefeux a-t-il eu raison d'en parler ?
Non, dit Jean-Jacques Urvoas, député PS
« S'il estime qu'il y a des menaces, alors il doit prendre les mesures qui lui paraissent importantes. Or, à ma connaissance, le niveau d'alerte de Vigipirate est le même depuis plusieurs mois. J'ai un problème de sincérité avec ce gouvernement. Il a tellement menti que quand il donne des informations, je suis extrêmement prudent. Parce que ce gouvernement est aujourd'hui mis au banc des nations européennes, donc il faut peut-être essayer d'attirer l'attention vers un autre sujet... ».
Oui, estime Louis Caprioli, spécialiste de la sécurité
Louis Caprioli, qui travaille chez GEOS, société de sécurité privée, leader européen de la gestion et de la prévention des risques, explique : « J'y vois une nécessité parce qu'il faut une transparence. Imaginez qu'un attentat soit commis, qu'on apprenne que les autorités avaient connaissance de risques d'attentat, et qu'elles n'aient pas communiqué. Je crois aussi que c'est une façon de s'adresser aux terroristes, de leur dire "on sait que vous voulez nous frapper, on est au courant", donc ils doivent se retourner dix fois pour faire dix mètres, ils doivent être très prudents dans leur communication. S'il n'y a pas plus d'attentats, c'est parce qu'ils sont persuadés qu'on est derrière eux ».