Mediator : une victime harcelée par Servier, « refuse de céder »

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Marie, 64 ans, résidant aux Sables d'Olonne (Vendée), a pris du Médiator pour son diabète pendant 18 ans. Elle a été l’une des premières à porter plainte. Et comme d’autres victimes de ce médicament qui préparaient leur dossier pour attaquer le laboratoire, elle reçoit depuis janvier dernier des appels de Servier pour lui proposer… un chèque.
« 140 000 euros, à condition d’enlever ma plainte »
« Ils m’ont déjà passé 17 coups de fil et normalement je devrais en avoir un ce matin vers 11h, a-t-elle raconté ce vendredi en direct sur RMC. Ils appellent sur mon téléphone fixe, depuis un numéro masqué, et quand je décroche on me dit "bonjour Mme Camuzat, c’est le laboratoire Servier".
Le 28 janvier, j’ai eu une proposition de 20 000 euros, à condition d’enlever ma plainte. Aujourd’hui, on en est à 140 000. Tous les 5-6 jours la somme monte. […] C’est de la corruption ; c’est une honte ! »
« Des assassins en puissance »
« On est nombreux, poursuit Marie. Une personne par une personne, pour eux, c’est un gain d’argent. Mais moi je veux qu’il soit puni. Il a 83 ans ; je ne veux pas le savoir. Hier ça m’a fait très mal d’apprendre qu’en 1995 il savait qu’il ne fallait plus nous le donner [ndlr, Le Monde a diffusé ce jeudi un rapport de la filiale britannique de Servier montrant que le laboratoire savait depuis 1995 que le Mediator pouvait provoquer de graves effets secondaires, notamment des insuffisances cardiaques; un rapport que Servier n’a jamais transmis aux autorités sanitaires]. Est-ce vrai ou pas ? Je ne sais pas, mais moi je ne vis plus depuis hier. Je veux qu’ils arrêtent de faire du mal comme ça ; c’est des assassins en puissance ces gens-là. »
« Je ne cèderai pas. Ma vie n’a pas de prix »
Très affaiblie physiquement, Marie compte bien tenir face au laboratoire : « Quelles que soient les sommes proposées, je ne cèderai pas. Ma vie n’a pas de prix. Il nous a menti ; je veux qu’il soit puni. Moi je suis gravement malade, au bout du rouleau… j’ai une éventration entre les deux seins, je souffre des poumons, du cœur, d’où j’ai été opérée ; et mon cœur ne fait plus que 30% de vitalité, donc je suis inopérable. »