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Police-Justice

Mayotte: un juge d'instruction mis en examen pour viol

Le juge Hakim Karki, ce lundi 7 juillet au palais de justice de Saint-Denis-de-la-Réunion.

Le juge Hakim Karki, ce lundi 7 juillet au palais de justice de Saint-Denis-de-la-Réunion. - -

Placé en détention provisoire, il clame que les relations qu'il a eues avec la plaignante étaient consenties. Des membres du monde judiciaire n'hésitent pas à parler de "complot" contre un juge connu pour traiter des dossier sensibles.

Un juge d'instruction de Mayotte a été mis en examen pour viol et écroué lundi soir à la Réunion. Hakim Karki, 42 ans, faisait l'objet d'une plainte déposée mercredi dernier par une jeune femme d'une trentaine d'années à Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte.

Le procureur de Mayotte, Joël Garrigue, s'était aussitôt dessaisi de l'enquête, le mis en cause étant magistrat dans le même tribunal que lui. Les investigations ont été confiées au parquet de Saint-Denis de La Réunion, la juridiction la plus proche.

Arrivé lundi à la Réunion, Hakim Karki a été entendu par trois juges d'instruction avant d'être mis en examen. Le procureur adjoint de Saint-Denis Emmanuelle Barre a également demandé sa mise en détention provisoire.

"Traces de violences et de griffures"

Les faits présumés remontent à la nuit du mardi 1er au mercredi 2 juillet. Après une soirée dans un restaurant de Mamoudzou, le juge serait rentré chez lui en compagnie de la plaignante, qui affirme que le magistrat l'a ensuite violée.

Hakim Karki reconnaît l'existence de relations sexuelles, mais consenties. Les "multiples traces de violences et notamment de griffures" retrouvées sur lui? Il parle de violences "demandées par la plaignante". Une version "formellement contestée par la plaignante", indique le procureur adjoint Emmanuelle Barre dans un communiqué.

Il travaillait sur un dossier sensible

Depuis 2011, le juge Karki instruisait un dossier sensible aux multiples rebondissements, l'affaire Roukia, du nom d'une jeune Comorienne décédée d'overdose à Mayotte. Son enquête avait notamment mis en lumière l'implication d'agents du groupement d'intervention régional (GIR) dans un trafic de drogue entre les Comores et l'île aux parfums.

Le magistrat instructeur soupçonnait ainsi des agents du GIR d'avoir fourni de la drogue à des indics comoriens en guise de rémunération. Il avait fait l'objet de plusieurs tentatives de dessaisissement. Aussi, certains membres du monde judiciaire ont fait part, sitôt l'affaire connue, de l'hypothèse d'un "complot" contre le juge.

M. T. avec AFP