Marseille : un indic tué, une plainte vise la BAC nord

Locaux de la BAC nord de Marseille - -
Comme si la BAC nord de Marseille n’avait pas assez d’affaires pour venir ternir sa réputation, un nouveau rebondissement vient ébranler la police de la cité phocéenne. L'avocat parisien Yassine Bouzrou, qui défend les intérêts de la famille d’un dealer retrouvé assassiné en août 2008 à Vitrolles près de Marseille, vient de porter plainte auprès du procureur de la République d'Aix-en-Provence pour « complicité d'assassinat ».
Il accuse les policiers de la Bac Nord d’avoir dénoncé son client à des voyous comme informateur de la police, de l’avoir en quelque sorte « balancé », ce qui aurait causé sa mort. L’homme était effectivement répertorié comme informateur par la police nationale.
« Retrouvé mort, criblé de balles et carbonisé dans son véhicule »
« Mon client a été retrouvé mort, criblé de balles et carbonisé dans son véhicule en 2008, et d’après les informations dont je dispose aujourd’hui, certains policiers de la BAC Nord auraient informé des voyous de Marseille que mon client était un indicateur de la police, ce qui aurait conduit ces derniers à l’assassiner », raconte l’avocat. « J’estime aujourd’hui qu’il y a une responsabilité de certains d’entre eux. En portant plainte pour complicité d’assassinat et en visant clairement certains policiers, j’estime qu’il fallait passer par la plainte pour contraindre les magistrats dans ce dossier à avancer sur cette nouvelle piste ».
L'indic qui avait permis de démêler l'affaire Mama Galledou
En effet, le jeune homme était bien connu de la police. Il avait par exemple donné le nom des adolescents qui ont incendié le bus en 2006 où se trouvait Mama Galledou. Depuis, il s’est installé comme dealer, officieusement protégé en échange d’informations, mais certains ripoux présumés n’auraient pas apprécié son impunité. Ce sont eux qui auraient un peu trop parlé dans la cité, le citant comme balance. Il a été assassiné quelques jours plus tard.
« Une faute déontologique énorme »
Yves Robert, représentant du syndicat Officier SNOP, ne croit pas à ces allégations car, dit-il, pour un policier, un informateur est sacré. « Vous avez deux sortes d’informateurs, ceux qui donnent de temps en temps, comme ça, des informations à la police ou à la gendarmerie, et ceux qui sont dument répertoriés, qui ont un numéro de code, et qui peuvent éventuellement être rémunérés en fonction des informations qu’ils produisent », explique-t-il. Le client assassiné de Maître Yassine Bouzou faisait partie de la deuxième catégorie. Or, « un policier qui viendrait à "donner" un informateur commettrait une faute déontologique énorme et mettrait en péril à la fois l’existence de cet informateur, mais aussi peut-être même la vie de certains de ses collègues », raconte ce policier.
La plainte contre X a été déposée lundi et pour l’heure, aucune mise en examen n’est intervenue dans cette enquête encore en cours.