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Police-Justice

Marseille : «L’image de la police a pris un coup»

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12 policiers de la Bac Nord de Marseille sont déférés ce vendredi au parquet de la ville pour des faits de vol et d’extorsion sur des dealers. Une pratique courante selon un dealer du 15e arrondissement de Marseille, qui témoigne sur RMC.

Douze policiers de la Bac Nord de Marseille ont commencé à être déférés ce vendredi au parquet de la ville après 96h de garde à vue. Ils ont été interpellés dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en février sur des faits de vol et d'extorsion qu'ils auraient commis en bande organisée auprès de dealers de drogue ou de vendeurs de cigarettes de contrebande. Des faits passibles de 20 ans de réclusion.

« Ils m’ont pris mon argent »

Selon Samir, un dealer des quartiers nord, la pratique est courante et il en aurait déjà été victime. « Moi ça m’est arrivé, j’ai ouvert un peu trop ma bouche, ils m’ont dit "monte dans la voiture", je suis monté dans la voiture (…). Ils m’ont fouillé, ils n'ont trouvé que de l’argent, il n’y avait pas beaucoup, 700 ou 800 euros, et ils m’ont jeté sur une bretelle d’autoroute et ils m’ont pris mon argent. Il vaut mieux se taire parce qu’au final ils vont tout prendre. Autant les laisser prendre et ne pas se faire frapper. On va porter plainte pour quoi ? Pour se mettre encore plus dans la mouise ? ».

« Si la police commence à perdre ses pratiques on s’en sort plus »

Des stupéfiants et de l'argent ont été trouvés lors des perquisitions dans les casiers et au domicile des 12 policiers. Des analyses comptables ont été aussi effectuées sur leurs comptes bancaires pour retrouver la trace de plusieurs dizaines de milliers d'euros d'argent sale. Par ailleurs, une grande partie de la brigade a été entendue par les hommes de l’IGPN pour des vérifications.
Dans les quartiers nord, la Bac n’est plus vraiment opérationnelle depuis 3 jours, mais plus grave, les policiers risquent de se retrouver à l’avenir dans une crise de confiance avec les habitants. Une situation qui inquiète Kamel, éducateur dans le quartier de Saint-Joseph : « Les habitants eux-mêmes ne font plus confiance à la police. Déjà qu’ils ont du mal à appeler la police, à faire le 17 parce qu’à chaque fois on leur demande quel est votre nom, est-ce que vous avez vu quelque chose, si en plus, il y a des ripoux dans la police, ça ne va plus, s'inquiète-t-il. Que ce soit vrai ou faux, l’image de la police marseillaise en a pris un coup. Parce que déjà la jeunesse marseillaise n'a plus trop de valeurs, si maintenant la police commence à perdre ses pratiques, on ne s’en sort plus ».

D'autres personnes impliquées dans l'affaire

Le procureur de Marseille Jacques Dallest a affirmé vendredi que d'autres personnes seraient peut-être impliquées dans l'affaire. « On est véritablement dans un système qui implique un nombre très important de fonctionnaires au sein de la BAC jour », a déclaré le magistrat, affirmant qu'il est « envisageable que d'autres personnes soient impliquées pénalement à des titres divers ». Les conversations enregistrées des policiers de la brigade anti-criminalité de Marseille soupçonnés sont « accablantes » et révèlent « tout un catalogue d'agissements inacceptables », a aussi déclaré le procureur Jacques Dallest.

La Rédaction, avec Lionel Dian