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Police-Justice

Malgré les critiques, paris accélère les mesures anti-roms

Inspection de policiers d'un camp rom à proximité d'Aix-en-Provence jeudi. Malgré l'émoi de l'opinion internationale, la France poursuit sa politique de démantèlement des camps occupés par des Roms et leur renvoi par avion en Roumanie ou en Bulgarie. /Pho

Inspection de policiers d'un camp rom à proximité d'Aix-en-Provence jeudi. Malgré l'émoi de l'opinion internationale, la France poursuit sa politique de démantèlement des camps occupés par des Roms et leur renvoi par avion en Roumanie ou en Bulgarie. /Pho - -

PARIS (Reuters) - Malgré l'émoi de l'opinion internationale, la France poursuit sa politique de démantèlement des camps occupés par des Roms et...

PARIS (Reuters) - Malgré l'émoi de l'opinion internationale, la France poursuit sa politique de démantèlement des camps occupés par des Roms et leur renvoi par avion en Roumanie ou en Bulgarie.

Sous une pluie d'inquiétudes et de critiques, le gouvernement affirme respecter les textes européens, soulignant que les départs sont volontaires et que chaque personne fait l'objet d'un examen individuel.

"La France n'a pas de leçon à recevoir" en matière de droit des étrangers, a déclaré le ministre de l'Immigration Eric Besson jeudi soir sur France 2, en écho à son collègue de l'Intérieur Brice Hortefeux.

Il a reconnu qu'il y avait une "accélération" d'un "processus structurel" depuis l'annonce fin juillet par Nicolas Sarkozy d'un durcissement de la politique française envers les Roms, qui seraient environ 8.500 en France.

Après les vols qui ont permis de rapatrier 86 personnes jeudi, un nouveau groupe de 130 Roms a été reconduit vendredi en Roumanie. Le 26 août, 160 autres gens du voyage quitteront la France à partir de Paris.

Brice Hortefeux avait annoncé que l'objectif du gouvernement était de démanteler 300 camps illégaux dans les trois mois et de renvoyer 700 Roms. Eric Besson a indiqué depuis qu'environ 850 personnes seraient en fait reconduites dans leur pays au mois d'août.

"CAPITALISER SUR LES PEURS"

La gauche commence à hausser le ton, reprochant à Nicolas Sarkozy de stigmatiser une communauté dans le seul but de chasser sur les terres du Front national en vue de la présidentielle de 2012.

Le député PS Arnaud Montebourg a ainsi dénoncé "une sorte de racisme officiel."

Il s'en est pris en particulier à la secrétaire d'Etat à la famille Nadine Morano, pour qui les enfants des Roms servent "d'alibis" à leurs parents ou leurs proches pour rester en France, mendier ou mener différents trafics.

Mais la manière dont la France traite les Roms est aussi suivie de près par la Commission européenne et Bucarest, qui mettent en garde contre la stigmatisation de cette minorité ethnique.

Mevlüt Cavusoglu, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, estime que les mesures prises en France "risquent fort d'attiser les sentiments racistes et xénophobes en Europe".

"Certains groupes et gouvernements profitent de la crise financière pour capitaliser sur les peurs engendrées par l'assimilation des Roms à des criminels, en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile", dit-il dans un communiqué diffusé vendredi.

Un comité des Nations unies avait déjà pointé le 12 août "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", notamment à l'encontre des gens du voyage.

Parce qu'ils sont citoyens de l'Union européenne, rien n'interdit aux quelque 850 immigrés roumains et bulgares qui se sont engagés à regagner leur pays d'ici la fin du mois en bénéficiant d'une aide au retour humanitaire de revenir en France pour trois mois. Beaucoup en ont manifesté l'intention à peine rentrés jeudi à Bucarest.

Pour réfréner leurs envie de retour, Eric Besson a assuré que le gouvernement allait "adapter la législation pour lutter contre l'abus de droit au court séjour", afin d'empêcher le retour vers la France des Roms expulsés.

Il a souligné que "des arbitrages" allaient se tenir dans les prochains jours.

Gérard Bon, édité par Henri-Pierre André