Le PS se mobilise après "l'agression" d'Estrosi sur la sécurité

Les socialistes se sont indignés dimanche des propos du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, qui accuse les maires de gauche de laxisme en matière de sécurité et propose de les sanctionner financièrement. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau - -
PARIS (Reuters) - Les socialistes se sont indignés dimanche des propos du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, qui accuse les maires de gauche de laxisme en matière de sécurité et propose de les sanctionner financièrement.
"Les maires n'oublieront pas l'agression gouvernementale du 15 août contre leur action, qui s'ajoute aux attaques contre leurs ressources et leurs capacités d'investissement", écrivent les secrétaires nationaux du PS chargés de la sécurité et de l'industrie dans un communiqué.
"Dans les quartiers populaires et les zones rurales en particulier - où les habitants ont subi de plein fouet les dégâts des suppressions d'effectifs de policiers et de gendarmes décidées par le gouvernement -, la mise en cause des élus locaux pour masquer l'abandon d'État est ressentie comme une provocation insupportable et inacceptable", soulignent Jean-Jacques Urvoas et Guillaume Bachelay.
"On aimerait que M. Estrosi, plutôt que de jouer les cow-boys de mauvais westerns pour tenter de devenir ministre de l'Intérieur lors du prochain remaniement (...) se consacre à 100% à sa mission actuelle: être un ministre de l'Industrie digne de ce nom. Il en est malheureusement très loin", déplorent les deux élus socialistes.
Dans le Journal du Dimanche, Christian Estrosi propose que les municipalités qui ne respectent pas leurs obligations sur le plan de la sécurité soient sanctionnées par de "très fortes amendes", à l'instar de ce qui se pratique dans le domaine du logement social.
Il estime en outre que les maires devraient publier mensuellement "un observatoire de la tranquillité publique" montrant l'évolution de la délinquance, et mettre à jour régulièrement leur CLSPD (contrat local de la sécurité et de la prévention de la délinquance).
AUBRY VISÉE, SON ADJOINT RÉPLIQUE
Il s'en prend plus particulièrement à la maire de Lille et premier secrétaire du PS Martine Aubry, et à Michel Destot, premier magistrat de Grenoble, ville où ont eu lieu de violents incidents en juillet.
"Christian Estrosi a le mérite de dire tout haut ce que la population constate de près", estime Eric Raoult, le maire UMP du Raincy, au nord de Paris.
"La sécurité est un besoin populaire et la gauche l'utilise comme un gros mot car, sur ce thème, elle a souvent baissé les bras", accuse le député dans un communiqué.
Le ministre de l'Industrie reproche à Martine Aubry de s'opposer à l'installation de caméras de surveillance dans sa ville.
"Il y a en tout 4.000 caméras de surveillance" à Lille, réplique l'adjoint de la maire de Lille chargé de la sécurité, Roger Vicot, dans le Journal du Dimanche.
A ses yeux, Christian Estrosi "pratique la stratégie du mensonge et du bouc émissaire pour masquer l'échec du gouvernement en matière de sécurité".
Même analyse pour le président PS du conseil régional de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, qui préside l'Association des petites villes de France.
"Exploiter de la sorte le thème de l'insécurité est profondément choquant et insupportable démocratiquement", dit-il dans un communiqué.
"En tirant sur les maires, Christian Estrosi commet à leur égard un geste lui-même de violence. Il les dénonce à leurs concitoyens comme étant responsables alors qu'ils ne cessent de saisir les préfets et sous-préfets, et de faire appel à la police ou à la gendarmerie et à la justice", déplore Martin Malvy.
Laure Bretton
« Une réponse niçoise qui n’est pas déclinable sur l’ensemble du territoire »
Jacques Pelissard, maire UMP de Lons-le-Saunier (Jura) et président de l'Association des maires de France, trouve la proposition du ministre de l'Industrie inappropriée pour régler le problème de l'insécurité. Il s'en est expliqué ce matin sur l'antenne d'RMC : « Christian Estrosi a voulu participer au débat. En revanche, il apporte une réponse qui n’est pas réaliste. Les territoires sont tous différents, par leur population, par leur taux de délinquance. Il y a aussi des richesses des communes différentes. Face à cette diversité, Christian Estrosi veut apporter une réponse niçoise qui n’est pas déclinable sur l’ensemble du territoire national »
« A l'État appartient la répression »
Jacques Pelissard a par ailleurs rappelé que la repression ne fait pas partie des attributions des maires de France : « La prévention, c’est le cœur de notre action. Nous devons faire de la prévention et garantir la cohésion du tissu social. Et faisant de la prévention, on ne peut pas en même temps faire de la répression. Ce serait antinomique. A l’Etat appartient la répression » a-t-il déclaré.