Le cri de détresse de Béatrice, harcelée depuis plus d'un an malgré une décision de justice

C'est l'histoire d'un enfer qui dure depuis plusieurs mois. Depuis la mi-2020, Béatrice, 59 ans, est quotidiennement contactée par un ouvrier de 33 ans qu'elle avait mandaté afin de refaire la salle de bains de son domicile de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne.
Or, le trentenaire, qui estime que son employeuse d'alors est la femme de sa vie, va très vite envoyer plusieurs messages qui dépassent largement le cadre professionnel. "Le soir après les travaux, je recevais des SMS où il disait que je lui plaisais, j'ai laissé passer", se rappelle-t-elle auprès de BFMTV.
"Un jour, je me suis fâchée, il a terminé les travaux (...) il est parti et j'ai bloqué son numéro. Pendant les vacances, je ne savais pas qu'il me harcelait", ajoute encore Béatrice.
Visites quotidiennes
Malgré le message pourtant clair envoyé par Béatrice, l'homme poursuit son harcèlement, et va jusqu'à se rendre au domicile de cette dernière.
"Il a commencé à venir chez moi et à sonner à minuit. La première fois, il est venu avec un bouquet de fleurs, je lui ai ouvert et je lui ai demandé d’arrêter. Il revient habillé en costume avec un bouquet de fleurs. Ça m’a fait peur. Quand je l’ai vu en costume, ça m’a fait peur. Je me suis dit: ‘il est malade!’", se remémore-t-elle.
Pendant une quinzaine de jours, l'ouvrier va poursuivre ce même manège, et va également se rendre sur le lieu de travail de Béatrice. "En décembre il est venu sur mon lieu de travail, j'étais en vacances. En janvier, toujours au travail, il escalade par le toit, il demande à me demander, à me voir, il était comme un fou (...) là j'appelle la police. Ils l'ont embarqué", raconte-t-elle encore.
En avril 2021, l'ouvrier est condamné à 14 mois de prison avec période probatoire de six mois, ainsi qu'à une interdiction de contacter Béatrice et de se rendre à son domicile ou son lieu de travail.
Chaîne judiciaire bloquée
Là encore, la décision n'a pas eu l'effet escompté. "Cette décision de justice il s’en fout! Il ne la respecte pas. Donc il est capable d’aller plus loin… Il est capable de quoi?", martèle Béatrice, qui vit seule avec sa mère de 80 ans En mai 2021, l'homme est de nouveau interpellé pour violation du contrôle judiciaire et du sursis probatoire. Il est relâché.
En réalité, si le trentenaire a bel et bien été condamné par la justice, cette sanction n'est actuellement pas applicable. En cause, un manque de moyens au Greffe du Tribunal Correctionnel de Créteil puisque la décison n'a toujours pas été signée par le juge d'application des peines. Un blocage de la chaîne judiciaire aux conséquences extrêmement graves pour le quotidien de Béatrice.
"On vit avec un sentiment de peur. On devrait se sentir protégé par la police, par la justice. Je ne sais pas ce qui se passe avec cette justice en France, mais ça ne suit pas quoi", critique-t-elle.
"Cet homme a changé mon quotidien"
Cette situation intenable a eu de nombreuses répercussions sur la vie de Béatrice. "J'ai du mal à travailler. Me concentrer. Ce que je faisais en une heure, je le fais en trois heures maintenant", affirme celle qui refuse de déménager à cause de cette affaire. "Je n'ai pas envie de tout perdre parce que la justice ne fait pas son boulot", ajoute-t-elle.
"J'ai peur qu'il me rencontre dans la rue, qu'il se venge. Qu'il passe à l'acte (...) je ne marche plus dans la rue toute seule. Cet homme a changé mon quotidien, il a instauré cette peur que j'ai. Cette peur, qu'il m'arrive quelque chose un jour", raconte-t-elle.
Pour faire valoir ses droits et retrouver sa vie d'avant, Béatrice annonce qu'elle n'abandonnera pas et qu'elle souhaite "(se) battre, jusqu'à la fin."