Le contrôleur général des prisons alerte sur les centres éducatifs fermés

Un adolescent de 17 ans dans sa chambre au CEF de Valence, le 7 décembre 2012. - -
Il n'y a pas que les prisons qui vont mal en France. Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des prisons, a dénoncé mercredi des manquements dans le fonctionnement d'un centre éducatif fermé (CEF) et suggère le déplacement d'un autre. Or, le gouvernement s'apprête à abandonner le doublement des places dans ces structures réservées aux mineurs délinquants, révèle FTVi.
Créés en 2002, ces centres sont réservés aux mineurs délinquants multirécidivistes. Ils se veulent une formule hybride entre éducation et répression. 1.200 mineurs y étaient enfermés en 2012. Le candidat François Hollande avait promis le doublement de leur nombre, actuellement une quarantaine, d'ici la fin de son mandat. Les services de la Chancellerie ont finalement indiqué au site de France Télévisions que seuls deux centres seraient créés chaque année d'ici à 2017.
"Intérêt éducatif inexistant" au Pionsat
Cette révélation intervient au moment où le contrôleur général des prisons, Jean-Marie Delarue, a émis des recommandations au Journal officiel sur ces centres. L'homme qui, en décembre dernier, tirait la sonnette d'alarme sur l'état de la prison des Baumettes, rappelle mercredi "l'obligation pour tous les centres éducatifs fermés de définir un projet éducatif identifiable, connu de tous, contrôlable et contrôlé". Il alerte aussi sur "le choix des sites" où les CEF doivent être ouverts.
Ces remarques émanent de ses constatations sur l'état de deux centres. Au Pionsat, dans le Puy-de-Dôme, Jean-Marie Delarue a relevé l'absence d'un vrai projet éducatif, et un recours fréquent à l'improvisation pour les activités proposées aux enfants. Pour lui, celles-ci ne présentent un "intérêt éducatif que très limité, voire inexistant". A titre d'exemple, "rien n'était prévu pour compenser le vide laissé par l'absence de travail scolaire pendant les congés d'été".
Accès non protégé à Hendaye
Le contrôleur a également alerté sur le manque de sécurisation des abords du CEF d'Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques. Son accès, à pied, est très difficile et requiert la traversée de voies ferrées sans accès protégé. "Le choix d'implantation, fait en 2003, en dit long sur le sérieux avec lequel les dimensions de sécurité et d'éducation ont été envisagées", écrit, lapidaire, Jean-Marie Delarue. Il recommande "instamment" le déplacement définitif du centre "vers un autre lieu compatible avec la sécurité et la santé des enfants accueillis".
Il y a trois ans, le contrôleur avait déjà dénoncé le manque de formation des éducateurs dans les CEF et le recours abusif aux moyens de contrainte physique.