Le cancer d'un docker mort en 2011 reconnu maladie professionnelle

Dockers sur le port de Saint-Nazaire, au terminal de Montoir-de-Bretagne, en février 2012 (illustration) - Frank Perry - AFP
Exposé aux pesticides et aux fongicides au fond des cales des bateaux pendant des années, Jean-Luc Chagnolleau est mort d'un cancer en 2011. Il avait 56 ans. Vendredi, le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de Nantes a reconnu le cancer de ce docker du port de Nantes Saint-Nazaire comme maladie professionnelle, a-t-on appris lundi de sources concordantes.
Le tribunal a estimé que la multi-exposition aux poussières et à des produits toxiques et cancérigènes de Jean-Luc Chagnolleau, qui avait commencé sa carrière de docker en 1975 et est décédé en septembre 2011 d'un cancer du rein et de la thyroïde, "a eu un rôle causal direct et essentiel dans la survenance de ses pathologies", selon son jugement.
Jurisprudence en vue pour les dockers
La reconnaissance du cancer de Jean-Luc Chagnolleau comme maladie professionnelle est "une première dans la profession de docker. C'est une décision qui va faire jurisprudence", a déclaré Serge Doussin, président de l'Association pour la protection de la santé au travail des métiers portuaires. Le demandeur avait engagé une procédure en 2007 auprès de la Caisse primaire d'assurance maladie (Cpam) de Loire-Atlantique pour que soit reconnu son cancer comme maladie professionnelle.
Après son décès, sa famille avait saisi le Tass. "C'est toujours très compliqué de faire reconnaître des maladies professionnelles qui ne sont pas répertoriées dans les tableaux", a souligné Me Véronique Aubry, la représentante de la famille, qui a salué "une avancée juridique" pouvant également "permettre de faire bouger les lignes sur d'autres places portuaires mondiales".
"Maintenant qu'il y a une reconnaissance, notre souci c'est que la santé des dockers et [travailleurs] portuaires soit préservée", a insisté Serge Doussin, selon lequel un "taux anormalement élevé de pathologies cancéreuses" a été constaté chez les dockers du port de Nantes Saint-Nazaire. Lors de l'audience, l'association avait versé au dossier une étude de juin 2014, réalisée notamment par des médecins du travail et des sociologues. Cette expertise fait le lien entre les produits toxiques contenus dans les marchandises chargées et déchargées par les dockers du port de Nantes Saint-Nazaire, notamment des céréales traitées aux pesticides, ou des bois traités avec des fongicides, et les pathologies relevées chez les personnels du port.