La mémoire de Thierry Le Luron examinée au tribunal

Thierry Le Luron sur scène, en 1980. - -
Au coeur du procès en diffamation: la maladie de Thierry Le Luron. Poursuivi par les héritiers du chanteur et humoriste, son biographe Jacques Pessis comparaissait, mercredi, devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir affirmé que l'humoriste, mort en 1986, officiellement d'un cancer des cordes vocales, avait caché qu'il était atteint du sida pour permettre à ses parents de toucher une assurance-vie.
Mercredi, face au tribunal, l'avocat des héritiers de l'humoriste, Me François Cantier, a affirmé que cette assurance-vie n'existait pas en réalité.
Diffamation envers la mémoire des morts
Le 14 février 2012 dans l'émission de Philippe Vandel "Tout et son contraire", Jacques Pessis avait déclaré: "Thierry Le Luron était un grand ami... En réalité il est mort du sida - il le savait d'ailleurs lui-même - mais il y a une raison : c'est-à-dire qu'il avait une assurance-vie et des dettes. Et si on avait dit qu'il était mort du sida ses parents n'auraient pas touché l'assurance..."
Des propos qui ont donc valu à Jacques Pessis un procès pour diffamation envers la mémoire des morts.
Les héritiers de Thierry Le Luron ont attaqué en justice Jacques Pessis, Philippe Vandel et Radio-France, ainsi que Le Nouvel Observateur, qui avait repris sur son site Internet les affirmations du journaliste, et France Dimanche.
"Atteinte à l'honneur et la considération"
"Le scoop c'est qu'il n'y a pas d'assurance-vie", a déclaré Me Cantier en fin d'audience, alors que le tribunal examinait les poursuites contre France Dimanche. Les parents de Thierry Le Luron "n'ont bénéficié d'aucune assurance-vie, il n'y a pas d'assurance-vie", a-t-il martelé.
"Dire de lui qu'il a voulu pour de sordides questions d'argent cacher sa maladie, c'est porter atteinte à son honneur et sa considération", a fait valoir Me Cantier.
Pour que la diffamation à la mémoire d'une personne décédée soit constituée, la loi prévoit qu'il faut que soit établie "l'intention de porter atteinte à l'honneur ou à la considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants".
Décision le 26 septembre
L'avocat estime que les parents de l'humoriste, décédés en 2009 et 2012, sont désignés comme les "receleurs" de la "tromperie" qui est imputée à l'imitateur décédé en 1986.
Mais pour ses contradicteurs, qui appuyés par la position du parquet, ont plaidé la relaxe, à aucun moment il n'est dit que les parents étaient au courant.
"Il ne leur est pas imputé d'avoir participé à ce mensonge", a plaidé l'avocate de France Dimanche, qui a par ailleurs fait observer que l'"on voit mal comment Thierry Le Luron aurait pu mentir sur la raison de son décès".
Absent à l'audience, Jacques Pessis "ne comprend pas la nature de cette action", a dit son avocate Me Amélie Tripet, "pour lui c'est une preuve de générosité à l'égard de ses parents" qu'il évoquait. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 26 septembre.