"L'ostéo des stars" devant la justice

Pierre Pallardy, ancien ostéopathe-kinésithérapeute réputé, comparaît mardi devant la cour d'assises de Paris. Il est accusé d'avoir fait subir des attouchements sexuels -et parfois même des viols- à dix-huit de ses clientes.

Il est accusé de viols ou d’agressions sexuelles sur dix-huit de ses patientes. Pierre Pallardy, l’ex-"ostéopathe des stars" comparaît mardi devant la cour d’assises de Paris.

Agé de 72 ans, celui qui affirme sur son site internet avoir soigné "le tout Paris" (Picasso, César, Joseph Kessel auraient été ses patients) avait déjà été visé par une première plainte pour agression sexuelle en 2004. Celle-ci avait été classée sans suite.

Mais en février 2006, une autre cliente l'avait accusé. Celle-ci avait notamment décrit des attouchements, une tentative de pénétration et des questions insistantes de nature sexuelle lors de deux rendez-vous au cabinet du praticien, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Après enquête, Pierre Pallardy est renvoyé aux assises pour dix-huit agressions non prescrites (six viols et douze agressions sexuelles). Treize victimes se sont portées partie civile, ainsi que la mère d'une autre, qui s'est depuis suicidée.

"Déviant" et "libidineux"

Placé en garde à vue, le praticien avait nié toute relation inappropriée. L’ostéopathe avait cependant reconnu que sa technique, qui consiste à "travailler la tête et le ventre", le conduit à demander aux client(e)s de se déshabiller, même s'il "autorise les personnes pudiques à conserver leurs sous-vêtements".

Pierre Pallardy déclare se concentrer sur une zone allant "du plexus solaire au plexus de l'utérus placé au-dessus des lèvres du sexe", tout en assurant également qu'il lui arrive d'avoir "un contact avec ces parties du corps". Il reconnaît aussi des "questions intimes", pour éclairer son diagnostic.

Les enquêteurs, après avoir entendu les accusations de la plaignante, ont contacté d’autres clientes de Pierre Pallardy. Certaines ont affirmé avoir été victimes d’attouchements ou de viols. D’autres ont déclaré avoir cessé de consulter le praticien après l’avoir trouvé "déviant" ou "libidineux" dès les premières séances. Elles ont aussi recueilli des témoignages similaires remontant aux années 1980.

"Le couple idéal de la santé"

Les présumées victimes décrivent toutes le même calvaire. Alors qu’elles étaient seins nus, Pierre Pallardy leur aurait pratiqué un douloureux massage du ventre qui les aurait sonnées. Puis il serait livré à des attouchements sexuels, voire à des tentatives de pénétrations.

Certaines d’entre elles n’auraient pas immédiatement réagi, se sentant "hypnotisées" ou "effrayées par [la] notoriété [du kinésithérapeute]". Plusieurs racontent avoir tout de même payé la séance -80 ou 100 euros- après avoir subi des agressions. 

"J'étais à la fois dans un désarroi énorme, dans une colère incroyable et dans un dégoût inommable", témoigne l'une de ses anciennes patientes sur BFMTV. "Il m'arrive de parler de gourou, en parlant de lui parce que c'est vraiment ce que j'ai ressenti", ajoute-t-elle.

De son côté Pierre Pallardy, qui reconnaît une pratique "autoritaire" en thérapie et une méthode "directe", se dit victime d’"affabulations". Il estime même avoir été "aguiché" par certaines de ses clientes et aurait toujours refusé d’avoir des relations sexuelles avec elles.

Le procès de Pierre Pallardy est prévu jusqu'au 18 octobre. L’auteur de nombreux best-sellers comme "Le chemin du bien-être", "Et si ça venait du ventre?", "Plus jamais mal au dos" ou encore "Le droit au plaisir" encourt 20 ans de prison. Le temps où le magazine "Elle" consacrait sa "une" au praticien et à sa femme (en 1981), sous le titre "Le couple idéal de la santé vous donne ses recettes", semble loin.