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Police-Justice

L'ex-comptable des Bettencourt a été entendue par la police

Liliane Bettencourt et Françoise Bettencourt Meyers sa fille

Liliane Bettencourt et Françoise Bettencourt Meyers sa fille - -

L'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, a été entendue par la police cette semaine sur le prêt de 300.000 euros que lui a consenti en novembre dernier Françoise Bettencourt Meyers, la fille des milliardaires, a indiqué son avocat.

Elle est l'un des principaux témoins à charge dans l'affaire Bettencourt. Claire Thibout, l'ex-comptable des Bettencourt, a été entendue par la police cette semaine sur le prêt de 300.000 euros que lui a consenti en novembre dernier Françoise Bettencourt Meyers, la fille des milliardaires.

Me Antoine Gillot, son avocat, n'a pas souhaité préciser la date exacte de cette audition à Paris par la brigade financière, qui n'est pas une surprise après l'audition de Françoise Bettencourt Meyers pour la même affaire, le 17 juillet.

L'audition a eu lieu dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Bordeaux à la suite d'un signalement TRACFIN du 22 février sur ce prêt signé devant notaire entre les deux femmes, à une époque où, selon Me Gillot, Claire Thibout se trouvait "dans une extrême difficulté financière". Les enquêteurs souhaitent démontrer si ce prêt pourrait constituer une subornation de témoin.

Indemnité de rupture

Claire Thibout est un des principaux témoins à charge dans l'affaire Bettencourt, qu'il s'agisse des délits qui auraient été commis aux dépens de Liliane Bettencourt par son entourage personnel, ou par les hommes politiques mis en examen dans l'affaire, l'ancien ministre Eric Woerth ou l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy.

Me Gillot a déploré "qu'en ouvrant cette enquête préliminaire, le parquet de Bordeaux entretienne la suspicion sur ma cliente comme l'avait fait le parquet de Nanterre".

Celui-ci, qui gérait l'affaire avant qu'elle soit transférée à Bordeaux en novembre 2010, avait mené une enquête approfondie sur Claire Thibout, et l'avait fait entendre à de nombreuses reprises à l'été 2010, alors qu'elle venait de révéler d'éventuels faits de financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Les enquêteurs s'étaient intéressés à l'importante indemnité de rupture touchée par Claire Thibout après son licenciement de chez les Bettencourt, en 2008 : 800.000 euros dont 400.000 versés directement par Françoise Bettencourt Meyers. Mais les juges d'instruction bordelais en charge de l'affaire ont écarté toute subornation de témoin dans cette indemnité, sur laquelle Françoise Bettencourt Meyers avait dû s'expliquer déjà devant la brigade financière en août 2010.

La mise en cause du témoin-clé tombe à pic

L'avocat a considéré que l'enquête "ne fait que donner du grain à moudre à un certain nombre de personnes mises en examen dans cette affaire", et il s'est interrogé "sur ces fuites concernant une procédure qui devrait rester secrète". "J'en ai assez que ma cliente soit le bouc émissaire de cette affaire", a-t-il conclu.

Plusieurs autres sources, interrogées cette semaine , ont considéré qu'il était peu probable que l'enquête préliminaire débouche sur une mise en examen des deux femmes.

Il est clair néanmoins que, pour certains mis en examen du volet abus de faiblesse de l'affaire Bettencourt, la mise en cause du témoin-clé tombe à pic, au moment où la Cour d'appel de Bordeaux doit trancher, le 24 septembre, sur la validité de l'expertise ayant conclu en 2011 à un état de faiblesse de Liliane Bettencourt remontant à septembre 2006.

Au moment aussi où, une fois l'arrêt de la Cour d'appel rendu, les juges d'instruction s'apprêtent à distribuer non-lieux et renvois devant le tribunal correctionnel dans ce volet.

Le parquet de Bordeaux a requis en juin six non-lieux sur douze mises en examen, notamment au bénéfice d'Eric Woerth et Nicolas Sarkozy.

M.R. avec AFP