Jérôme Kerviel poursuit la Société générale aux prud'hommes

Jérôme Kerviel a assigné jeudi la Société générale devant les prud'hommes à Paris pour contester son licenciement pour faute lourde, un combat qu'il mène désormais avec le soutien de personnalités de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon. /Photo prise le 24 oct - -
PARIS (Reuters) - Jérôme Kerviel a assigné jeudi la Société générale devant les prud'hommes à Paris pour contester son licenciement pour faute lourde, un combat qu'il mène désormais avec le soutien de personnalités de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon.
L'ancien trader réclame environ 900.000 euros d'indemnités et, plus symboliquement, 4,9 milliards d'euros - somme qu'il a été condamné à payer à la Société générale pour les pertes de trading qui lui sont imputées par la banque - afin d'obtenir du tribunal une expertise indépendante sur leur réalité.
"Je demande une expertise comptable et financière pour prouver qu'il n'y a pas eu de pertes. Je suis accusé d'avoir fait perdre 5 milliards d'euros, mais il n'y a aucune preuve", a-t-il dit à la presse.
Les avocats de la Société générale ont annoncé par avance qu'ils réclameraient le renvoi de l'audience faute d'avoir eu le temps d'étudier les demandes présentées "tardivement" par la défense de Jérôme Kerviel.
L'ex-trader, qui a été condamné en appel, en octobre 2012, à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, s'est pourvu en cassation, ce qui suspend sa peine de prison mais pas la sanction civile.
Jérôme Kerviel, qui conteste son licenciement pour faute lourde, supposant la volonté de nuire à son employeur, a toujours soutenu que la banque savait qu'il prenait des positions exorbitantes non couvertes.
UN "PION DE LA FINANCE" ?
Il s'est dit gonflé à bloc par ses nouveaux soutiens, comme Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autin et Gérard Filoche, mais aussi l'ancien prisonnier Roland Agret, fondateur d'Action justice, qui l'a accueilli devant le conseil des prud'hommes.
"Moi, je mène une bataille acharnée contre la finance, mais c'est un pion de la finance que je suis en train de défendre avec d'autres", a expliqué le co-président du parti de gauche.
Jean-Luc Mélenchon a fait le parallèle avec Jean Jaurès qui, bien qu'anti-militariste farouche, avait défendu le capitaine Dreyfus. "La grande différence, c'est que dans l'affaire Dreyfus, il y avait de l'antisémitisme qu'il n'y a pas ici".
"C'est un cas exemplaire de la façon dont la finance joue avec la vie des gens", a-t-il ajouté, soulignant que la faute lourde dont l'accuse la banque condamnait Jérôme Kerviel à une mort sociale.
Sur le fond, l'ancien candidat à la présidentielle met en doute la réalité des pertes de la Société générale.
"Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a-t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque 1,7 milliard de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n'était pas définitive ?", a-t-il écrit sur son blog.
Pour Jean-Luc Mélenchon, du broyage de Jérôme Kerviel "dépendait la réussite d'une opération incroyable : le sauvetage d'une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial."
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse