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"Je me suis sentie comme une proie": une victime présumée de Gérard Miller témoigne sur BFMTV

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Gérard Miller est accusé par de nombreuses femmes d'agression sexuelle et de viol, notamment sur mineures. L'une de ces femmes, Mathilde, a témoigné ce jeudi 24 octobre sur BFMTV.

"Un scénario" similaire pour "toutes les victimes" présumées de Gérard Miller. Le psychanalyste est accusé par de nombreuses femmes d'agression sexuelle ou de viol et fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Paris.

Alors que le livre-enquête Serial Miller de la journaliste et réalisatrice Chloé Vienne est paru il y a quelques jours, une des victimes présumées, Mathilde raconte ce jeudi 24 octobre sur plateau de BFMTV, le "scénario de captation", la "prédation" dont elle dit avoir fait l'objet de la part du chroniqueur médiatique. Elle dénonce des faits d'agression sexuelle et de viol, alors qu'elle n'avait que 19 ans, et pour lesquels elles comptent porter plainte.

"Il va passer sa main sous mon pull"

Le 9 mars 2004, Mathilde assiste à l'ancienne émission de Laurent Ruquier On a tout essayé à laquelle participe Gérard Miller. Ce dernier l'invite ensuite à voir un spectacle avant de l'inviter avec une amie à aller à son hôtel particulier.

"Un peu comme toutes les victimes en fait, c'est vraiment le même parcours", commence-t-elle. Après leur avoir montré la "salle de projection", Gérard Miller les invite à boire un verre, un verre qui va "être vite expédié". Ne buvant pas beaucoup d'alcool en temps normal, elle se rappelle avoir pensé que c'était un "alcool de vieux".

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Le psychanalyste va ensuite les inviter à aller à l'étage dans sa "fameuse salle japonisante" proposant un "'jeu' qu'il fait avec ses patients".

Mathilde se rappelle en montant l'escalier se sentir un "peu groggy" et s'accrocher à la rampe "sans savoir si cela est dû à l'alcool".

"Il va nous demander de nous allonger, il va nous mettre dans un état de détente", se remémore-t-elle.

Avant de continuer: "Progressivement, en même temps qu'il nous parle, il va prendre ma main, il va la toucher, puis il va passer sa main sous mon pull, sur mon ventre jusqu'à la poitrine".

"Je suis absolument dans un état de confiance, de détente absolue, de conscience modifiée, je n'ai plus de discernement", explique Mathilde soulignant que c'est "encore plus difficile" a posteriori de "cerner pourquoi (elle) n'a pas réagi".

"Je ne bouge plus, mon corps tremble, et il le voit"

Si elle ne se rappelle pas comme cette situation s'arrête, elle se souvient que son amie lui dit de partir avec elle mais que Gérard Miller lui propose de rester, lui disant qu'il a une chambre d'ami et qu'il peut lui prêter un t-shirt pour la nuit.

"Cette phrase-là va me remettre en confiance. Je préfère choisir que ça se passe bien, plutôt que de réaliser que ce qui est en train de se passer est terrible", souligne-t-elle.

"Mais je ne verrais pas la couleur du t-shirt. On va commencer à discuter et pendant qu'on est en train de parler, il va se tourner vers moi et mettre sa langue dans ma bouche", raconte Mathilde qui dit "basculer dans un état de sidération".

Elle ajoute: "Je vais même me dissocier en fait, c'est extrêmement effrayant, je vois la scène au-dessus (...) Je ne bouge plus, mon corps tremble, et il le voit, il m'en fait part, mais c'est ok pour lui apparemment, il continue".

Ne voulant pas donner plus de détails, Mathilde assure vouloir "porter plainte pour viol".

La "question du consentement ne s'est pas du tout posée"

Elle explique ne pas avoir porté plainte plus tôt car à 19 ans, elle se sentait "incapable d'expliquer ce qu'il venait de (lui) arriver" et "comme de nombreuses victime", elle "retournait la culpabilité contre (elle)". Si au bout de deux ans, une juriste et une psychologue qu'elle rencontre dans une association vont lui dire que c'est un "viol", elles lui déconseillent de porter plainte.

"À cette époque, on ne pouvait pas être entendu, cru. Mon père me dit 'mais tu te serais pris un TGV', je pense que l'image c'est exactement ça. On est déjà au plus mal, on ne veut pas ça en plus", déclare-t-elle disant songer à porter plainte depuis un an.

Cette première réticence à porter plainte est aussi liée à la célébrité de Gérard Miller. "Il joue sur plusieurs tableaux, liés à ses différentes statures", souligne Mathilde citant son âge, "de dix ans de plus que son père", son statut de chroniqueur "régulièrement à la télé", de psychanalyste en qui elle a "confiance", comme "un médecin".

"Jamais je n'aurais imaginé ce qu'il avait derrière la tête. (...) Je me suis sentie comme une proie", dit-elle précisant qu'il n'y a eu aucun "jeu de séduction" et que la "question du consentement ne s'est pas du tout posée".

Si pour son cas, les faits sont prescrits, Mathilde espère qu'il y aura un procès, étant donné que plusieurs autres plaintes sur mineurs ne sont pas prescrites, et qu'il sera jugé pour "l'ensemble de ses actes".

De son côté, Gérard Miller, qui ne dément pas avoir eu des relations avec ces femmes, conteste leurs accusations. Il se dit "certain de n’avoir commis aucune infraction" et dit vouloir "réserver (sa) parole à l’institution judiciaire".

Juliette Brossault