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Police-Justice

"J'ai tout perdu": une femme ayant été victime d'emprise témoigne

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La victime d'emprise dans une relation amoureuse ne s'en rend pas forcément compte rapidement. Sophie Lambda, qui en a été victime par le passé, livre son témoignage à BFMTV.

Sophie Lambda, illustratrice, témoigne dans une BD, Tant pis pour l'amour, et sur BFMTV de la relation très toxique qu'elle a vécue avec un homme qui s'est révélé être un manipulateur. Selon elle, l'emprise se termine "toujours mal, dans la violence, le chantage affectif, des menaces de suicide" ou de la culpabilisation.

"Tout perdu"

L'illustratrice de BD a totalement changé de vie, quittant Montpellier, dans le sud de la France, pour suivre son compagnon à Paris. Il lui a fallu du temps pour comprendre qu'il était un "manipulateur destructeur", mais entre temps, elle déclare avoir "tout perdu", pour ce qu'elle pensait être "de l'amour mais qui en fait n'en était pas". Elle a heureusement "réussi à partir avant la violence conjugale", mais a subi de "la manipulation psychologique".

"On me séparait de tout ce que j'avais en me faisant croire que ce que j'avais n'était pas assez bien pour moi", relate Sophie Lambda.

Sophie Lambda préfère utiliser le terme de "manipulateur destructeur" à celui de "pervers narcissique", un terme souvent utilisé pour dépeindre l'une des personnes dans une relation toxique, mais perçu comme un peu réducteur par l'illustratrice, car ce trouble de la personnalité n'est "pas si courant que ça", selon elle.

"Déni de soi"

Mais qu'est-ce que l'emprise, concrètement ? "C'est quelque chose qui s'installe sur des années, petit à petit", témoigne Sophie Lambda. Au fur et à mesure, "on va augmenter (notre) seuil de tolérance à la douleur, à la manipulation, au rabaissement, jusqu'à être complètement dans le déni de soi et croire que tout va bien", explique-t-elle.

"C'est un mécanisme de survie, qu'il est très compliqué d'enrayer, surtout quand on n'est pas accompagné", témoigne Sophie Lambda.

Si l'emprise n'est pas forcément, au commencement, une histoire d'amour, "ça y ressemble fortement", selon elle. Souvent, la relation commence "très bien", le couple vit "une espèce d'osmose", voire une "comédie romantique".

"Pas de la violence du jour au lendemain"

Mais "la température change petit à petit". Pour autant, "ce n'est pas de la violence du jour au lendemain". L'emprise peut commencer par "du rabaissement", ou par le fait de partager sa vie avec quelqu'un "qui va nous faire comprendre que sans lui on n'existe pas, que l'on ne peut pas s'en sortir", ajoute-t-elle.

L'histoire fondée sur une relation toxique "se termine forcément mal", selon Sophie Lambda. Et ce parce que la personne à l'origine de l'emprise est "une personnalité qui ne supporte pas de perdre" ou d'être en face de "quelqu'un qui s'affirme".

Elle questionne également l'intérêt pour les victimes de déposer plainte contre leur conjoint violent, alors que ces plaintes peuvent être classées sans suite. "Une femme sur quatre victime de féminicide a porté plainte et ça n'a servi à rien. Est-ce qu'on a vraiment encore envie de porter plainte et de risquer de se faire tabasser à la maison si on sait que la plainte ne sert à rien?" s'interroge l'illustratrice.

Marine Ledoux