Il les logeait au milieu des cafards: un marchand de sommeil jugé

Des familles entières étaient logées dans une ancienne usine, dans des conditions insalubres (photo d'illustration). - -
Ils n'avaient pas de contrat de location et payaient en moyenne 400 euros de loyer mensuel en liquide pour dormir dans une ancienne usine au milieu des rats et des cafards. En cinq ans, le propriétaire des lieux aurait touché de leur part 150.000 euros. Vendredi, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bobigny.
Alex, 54 ans, a expliqué au tribunal que "la situation lui avait échappé et que le lieu était devenu un squat". A l'intérieur s'entassaient des dizaines de Haïtiens, dont la plupart étaient sans-papiers. En janvier 2013, le préfet l'avait enjoint de faire des travaux. En vain. Le maire PS, Jacques Salvator, en avait obtenu l'évacuation en avril.
Riche à payer l'ISF
La mairie d'Aubervilliers et les enquêteurs étaient, eux, convaincus d'avoir affaire à un un marchand de sommeil qui possédait d'autres biens immobiliers de ce type en région parisienne.
Avec son neveu et sa fille, il a ainsi répondu vendredi des accusations de "soumission de personnes vulnérables à des conditions d'hébergement contraires à la dignité" et de "mise en danger d'autrui avec risque immédiat de mort ou d'infirmité en raison de l'insalubrité et de la dangerosité des locaux".
Alex s'est enrichi au point de payer l'impôt sur la fortune. Son patrimoine, constitué essentiellement d'immeubles en région parisiennes, atteint aujourd'hui 2,7 millions d'euros. Mais à la barre, cet entrepreneur à la silhouette massive et aux cheveux grisonnant n'en a pas démordu: "je suis une victime, une grande victime", a-t-il clamé.
Deux ans avec sursis requis
Dans le taudis qu'il louait, le couloir était trop étroit pour que les portes de chaque chambre, qui hébergeaient chacune une famille avec enfants, puissent s'ouvrir toute à la fois pour permettre une évacuation. D'autant plus grave que des fils électriques pendaient, et que les pompiers avaient constaté un risque accru d'incendie.
"Pas de chauffage, pas d'isolation, de ventilation, des installations électriques défaillantes", des sans-papiers qui "ne risquaient pas de se plaindre ni de négocier", "tout cela transpire le marchand de sommeil pur et dur", a accusé le procureur. Face à un dossier d'une ampleur "rare", il a requis deux ans de prison avec sursis contre le quinquagénaire.